FactuelEn dépit des menaces de la junte qui s’est emparée du pouvoir le 1er février, des centaines de milliers de personnes ont défilé ces jours derniers dans de nombreuses villes du pays, bravant policiers et militaires.
Ni les deux morts de Mandalay, tués par la police samedi 20 février, ni la promesse d’élections « libres et justes » dans un futur indéterminé, ni les mises en garde adressées aux jeunes manifestants risquant de « mourir » en rejoignant les grands rassemblements anti-régime, rien n’y fait : trois semaines après le coup d’état militaire du 1er février, la colère des Birmans ne faiblit pas. La Birmanie est debout, dressée comme un cobra furieux contre les « hommes en vert », couleur de l’uniforme des officiers de la Tatmadaw (les forces armées birmanes).
Des centaines de milliers de personnes ont encore défilé en fin de semaine, bravant policiers et militaires en position dans les rues, se gaussant des menaces du nouveau pouvoir, défiant la junte, dédaigneuses des risques encourus.
La journée de lundi, alors que les activistes ont appelé à une nouvelle journée de grève générale, devait à nouveau marquer un nouvel épisode de manifestations monstres : le 22 février est considéré par beaucoup de Birmans, fascinés par la numérologie, comme une date auspicieuse en raison de la succession rare des quatre chiffres du calendrier 22-2-21. Un symbole qui rappelle l’époque du grand soulèvement anti-junte du 8 août 1988 : 8-8-88…
La Birmanie, décrit jadis par l’écrivain britannique Rudyard Kipling (1865-1936) comme un « pays à nul autre pareil », continue de mériter sa réputation. En ayant repris le pouvoir qu’ils avaient longtemps confisqué (1962-2011), les généraux ont provoqué chez les Birmans – qui détestent l’armée depuis toujours – un mouvement de rejet sans précédent dans l’histoire moderne de l’ère post-coloniale. Un phénomène dont l’ampleur a peut-être surpris « le nain », méchant surnom de l’officier court sur pattes auteur du coup, le général Min Aung Hlaing…
Une première « martyre » de la cause de la démocratie
La soirée de samedi aura été la plus sanglante depuis le début des manifestations, il y a une quinzaine de jours : la police a ouvert le feu sur des manifestants près du port de Mandalay, la deuxième ville du pays, bordée par le grand fleuve Irrawaddy. Après avoir utilisé des canons à eau et des balles en caoutchouc contre une foule de protestataires désireux de protéger des employés du port en grève – que les forces de l’ordre voulaient obliger de reprendre le travail –, les policiers ont tiré à balles réelles. Bilan, deux morts et au moins six blessés, certains dans un état grave.
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