Méconnue pendant des décennies, l’ostéopathie animale s’est peu à peu imposée en France. Désormais encadrée et réglementée, la pratique se pose en complément aux soins vétérinaires et attire de nombreux adeptes. Mais quelle est son efficacité réelle dans le traitement des (ani)maux ? 30millionsdamis.fr a interrogé plusieurs professionnels de la santé.
« Le tout, c’est d’éviter les coups de pattes ! » Alternant poigne et douceur, Cassandra met ses compétences au service des animaux, au Havre (Seine-Maritime). Ostéopathe animalière depuis 2018 après 5 années d’étude, la praticienne manipule chiens, chats et même chevaux afin de « réharmoniser le corps » de ses patients à quatre pattes.
« Une médecine principalement préventive »
« Il n’y a aucune différence avec l’ostéopathie pour les humains si ce n’est que mes sujets ne parlent pas, confie Cassandra à 30millionsdamis.fr. C’est une pratique qui existait déjà pour les chevaux et qui se démocratise aux autres animaux. Nous intervenons pour soulager différents maux mais notre approche est globale. Il s’agit d’une médecine principalement préventive qui peut, dans certains cas, soigner. »
Avant toute séance, l’ostéopathe doit discerner les symptômes qui excluent toute manipulation/©Lise B.
Lise (29 ans) se déplace dans l’Aveyron et la région de Toulouse. Avec plus de trois ans d’expérience, en plus de ses 6 ans d’étude, la jeune femme met l’accent sur la confiance et la transparence avec ses clients. « Je démarre mes séances avec ce qu’on appelle une anamnèse, détaille la jeune femme. C’est à dire que je m’intéresse au passé de l’animal, ses problèmes, d’éventuels accidents… Cela permet d’évaluer plus précisément notre champ d’action. Les vétérinaires nous envoient des animaux quand ce n’est pas trop grave, de la boiterie à une entorse. Ce n’est pas à nous de donner des anti-inflammatoires. »
Anamnèse, diagnostic d’exclusion, accord de l’animal… Les bonnes pratiques de l’ostéo pour animaux
Aucune différence avec l’ostéopathie pour les humains si ce n’est que mes sujets ne parlent pas.
Cassandra P. – Ostéopathe animale
L’ostéopathie animale est légale et encadrée par l’Ordre des Vétérinaires, notamment pour les formations. Elle est particulièrement conseillée pour les problèmes sans lésion apparente venant compléter les soins vétérinaires… mais pas les remplacer ! « Avant toute chose, un ostéopathe animalier doit effectuer un diagnostic d’exclusion, c’est-à-dire qu’il doit discerner les symptômes qui excluent toute manipulation, souligne pour 30millionsdamis.fr Jean-Claude Colombo, docteur-vétérinaire qui pratique l’ostéopathie depuis ses prémices. Il doit savoir ce qu’il ne peut pas faire pour ne pas nuire à l’animal. Il faut obtenir l’accord de l’animal, être capable d’agir sans contrainte. La palpation doit être réalisée en douceur, c’est très rarement une question de force physique. Le but principal, c’est redonner du mouvement à une structure musculaire. »
Si chiens, chats et chevaux sont parmi les animaux les plus réceptifs, il arrive que ces praticiens manipulent aussi des bovins. « Chaque animal a sa particularité, souligne Anne, l’une des 6 ostéopathes du cabinet OAK (Ostéopathie Animale et Kinésiologie), dans l’Eure. Les bases de notre travail seront les mêmes mais il faut prendre en compte la spécificité de chacun. De même, nous sommes là pour aider les maîtres à mieux s’informer. Beaucoup attendent malheureusement que leur animal soit mal en point avant de consulter alors que des signaux sont généralement visibles avant. »
De nos jours, la pratique de l’ostéopathie est davantage encadrée par l’Ordre des Vétérinaires./©Adobe Stock-JMPhotographie
Face à l’essor, une réglementation plus stricte sur la formation
« Ces signaux sont nombreux, ajoute Cassandra. Cela peut aller du chien qui aboie, celui qui a du mal à se lever, l’animal qui boîte… Grâce à un panel de techniques de manipulation manuelle comme le cracking, on va permettre de trouver la cause. Notre travail vise à apporter du bien-être à l’animal souffrant, l’aider à libérer les tensions. Mais chaque cas est différent. Certains animaux sont plus réceptifs que d’autres. C’est pourquoi il faut sans cesse nous adapter. »
Il était urgent d’encadrer et d’avoir une législation plus stricte.
Dr Jean-Claude Colombo – Vétérinaire-Ostéopathe
A l’instar de son équivalent humain, l’ostéopathie animale est une pratique en vogue. Selon l’Ordre des Vétérinaires, joint par 30millionsdamis.fr, il y aurait 220 personnes non-vétérinaires autorisées à exercer. Depuis 2014, un diplôme Inter-Écoles d’Ostéopathie Vétérinaire (DIE) est délivré à l’issue d’un examen pratique, de la rédaction de mémoire et cas cliniques. Sur 1200 praticiens vétérinaires formés en ostéopathie au sein d’instituts, environ 150 sont titulaires du Dîplome Inter-Ecole d’ostéopathie vétérinaire. Un tiers exercerait l’ostéopathie à titre exclusif.
L’évolution fulgurante de la pratique a contraint la profession à réguler les candidats dès 2017, date à laquelle il a été décidé par l’État d’encadrer les exigences de compétences en termes de formation et de contenu. Ainsi, le décret n°2017-572 du 19 avril 2017 introduit divers articles définissant l’acte d’ostéopathie animale et les règles de déontologie à respecter. « Ce décret a eu pour effet de clarifier la situation des prétendants à cette formation, estime Jean-Claude Colombo. La profession a pris du retard car elle refusait de prendre en compte l’engouement pour l’ostéopathie. Il était urgent d’encadrer et d’avoir une législation plus stricte. Ce n’est pas une chasse aux sorcières, c’est un assainissement. »
Aujourd’hui, un ou une ostéopathe a l’obligation de passer une formation comparable à celle pour les êtres humains, soit 5 à 6 ans. C’est pourquoi il est important de se renseigner sur les diplômes obtenus, avant toute sollicitation.
Un bien-être animal retrouvé
Du côté des personnes y ayant recours, l’ostéopathie animale apparaît comme une solution pertinente pour le bien-être de leurs animaux. « C’était déjà assez connu dans le milieu équin, souligne Clélia qui sollicite une séance par an pour son cheval et sa chienne à Lons-le-Saunier (39). C’est très utile pour prévenir les blessures. Ma chienne court beaucoup avec moi et est d’un caractère anxieux. Dès qu’elle se fait traiter par mon ostéopathe, on ressent immédiatement les bienfaits. »
L’ostéopathie est très utile pour prévenir les blessures.
Clélia – maîtresse d’un cheval à Lons-le-Saunier (39)
« Mon chien s’était fait une entorse, je m’en suis rendue compte quand je le voyais boîter, évoque Stéphanie, la maîtresse qui a fait appel à une ostéopathe en région parisienne. C’est comme ça que j’ai fait la démarche, encouragée par mon vétérinaire. Les séances ont été progressives. Mais on voit les progrès à vue d’œil. C’est une bonne solution pour ce genre de maux. » Un avis partagé par Laurence, maîtresse d’un cheval en Basse-Normandie, pour qui l’ostéopathie apparait « comme une bonne solution » permettant de faire des « rééquilibrages dans le corps de l’’animal » et d’avoir des « informations complémentaires » à celles d’un vétérinaire.
S’il faut rappeler qu’elle ne peut remplacer l’avis d’un vétérinaire, l’ostéopathie animale apparaît comme une bonne solution pour nos animaux tant qu’elle est réalisée dans les règles par des professionnels certifiés.
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