France World

Les Birmans sous le choc au lendemain des violences les plus meurtrières depuis le coup d’État

Près de trois semaines après le putsch du 1er février, la mobilisation pro-démocratie ne faiblit pas en Birmanie, où les forces de sécurité ont ouvert le feu samedi sur des manifestants, faisant deux morts. Plusieurs milliers de protestataires défilaient encore dimanche, alors que le pays se prépare aux funérailles de la première victime de la répression militaire.

La Birmanie se prépare, dimanche 21 février, aux funérailles de la première victime de la répression militaire, une épicière de 20 ans devenue une icône de la résistance anti-junte, au lendemain des violences les plus meurtrières depuis le coup d’État avec deux manifestants tués par les forces de l’ordre.

Près de trois semaines après le putsch du 1er février, la mobilisation pro-démocratie ne faiblit pas des grandes villes aux villages reculés du pays.

Plusieurs milliers de manifestants défilaient dimanche près du principal campus universitaire de Rangoun, la capitale économique, et des protestataires se réunissaient à Mandalay, théâtre la veille de la répression la plus sévère depuis le coup d’État.

Dans cette ville du centre du pays, la police a tiré sur des protestataires anti-junte venus soutenir des ouvriers qui s’étaient mis en grève dans un chantier naval, répondant aux appels à la désobéissance civile lancés contre le putsch.

« Deux personnes sont mortes, dont un mineur qui a reçu une balle dans la tête » et une trentaine ont été blessées, a indiqué Hlaing Min Oo, chef d’une équipe de secouristes volontaires.

Selon lui, « la moitié des victimes ont été visées par des tirs à balles réelles », les autres ont été blessées par des munitions en caoutchouc et des tirs de lance-pierres.

Aucune mention des deux victimes n’a été faite dans le journal Global New Light of Myanmar, contrôlé par le pouvoir, qui a en revanche blâmé les manifestants pour leur comportement « agressif » et indiqué que trois militaires et huit policiers avaient été blessés.

L’ONU condamne « l’usage de la force meurtrière »   

Le pays s’est réveillé sous le choc. « Où est la justice? », « Stop au terrorisme », « Combien de vies doivent être prises avant que le monde réagisse? », pouvait-on lire sur les réseaux sociaux.

Les funérailles de Mya Thwate Thwate Khaing, blessée par balles le 9 février et décédée vendredi, vont avoir lieu ce dimanche à Naypyidaw, la capitale administrative.

Des hommages ont débuté à Rangoun, des manifestants récitant la Metta Sutta, une prière bouddhiste.

« Nous ne pouvons pas assister à ses funérailles, alors nous prions pour elle », a expliqué Ye Lin Tun, employé dans une ONG.

« Nous sommes prêts à perdre la vie. Nous nous battrons jusqu’au bout », a assuré un manifestant de 26 ans. « Si nous avons peur, nous ne réussirons pas » à mettre un terme aux violences des militaires.

L’escalade des tensions a provoqué de nouvelles condamnations internationales.

« L’usage de la force meurtrière, de l’intimidation et du harcèlement contre des manifestants pacifiques est inacceptable », a tweeté dans la nuit de samedi à dimanche le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a appelé « l’armée et les forces de l’ordre à mettre immédiatement fin aux violences contre les civils », indiquant que l’Union européenne allait « prendre les décisions appropriées ».

Les ministres des Affaires étrangères de l’UE doivent se réunir lundi pour discuter d’éventuelles sanctions.

Sanctionner les conglomérats?       

Des sanctions visant uniquement certains généraux – comme c’est le cas de celles annoncées par les Etats-Unis, le Canada et le Royaume-Uni – ne suffiront pas, ont averti plusieurs ONG, exhortant à cibler aussi les puissants conglomérats contrôlés par les militaires.

Pékin et Moscou, alliés traditionnels de l’armée birmane aux Nations Unies, considèrent, eux, la crise comme « une affaire intérieure » au pays.

La junte fait fi des condamnations.

Les vagues d’arrestations de responsables politiques, d’activistes ou de grévistes se poursuivent. Près de 570 personnes ont été interpellées depuis le 1er février, et seules une quarantaine relâchées, d’après une ONG d’assistance aux prisonniers politiques.

L’acteur Lu Min, tête d’affiche des manifestations à Rangoun, a été interpellé dans la nuit de samedi à dimanche, a annoncé sa femme, en pleurs sur les réseaux sociaux.

Les connexions internet ont été coupées pour la septième nuit consécutive, avant d’être restaurées dans la matinée.

Facebook a de son côté annoncé avoir bloqué la page « Tatmadaw True News Information Team » de l’armée pour incitation à la violence. Les généraux l’ont utilisé pour justifier leur putsch et allégué des fraudes lors des élections de novembre, remportées massivement par le parti d’Aung San Suu Kyi.

La peur des représailles est très forte en Birmanie où les derniers soulèvements populaires de 1988 et 2007 ont été réprimés dans le sang par les militaires.

Malgré cela, parallèlement aux manifestations de rues, les appels à la désobéissance civile se poursuivent avec des médecins, enseignants, contrôleurs aériens ou cheminots toujours en grève.

Les protestataires réclament l’abolition de la Constitution très favorable à l’armée, le retour du gouvernement civil et la libération des détenus, dont Aung San Suu Kyi, 75 ans.

L’ex-dirigeante, tenue au secret depuis son arrestation, est inculpée pour des motifs non politiques, accusée d’avoir importé « illégalement » des talkie-walkies et d’avoir violé une loi sur la gestion des catastrophes naturelles. Une audience est prévue le 1er mars.

Avec AFP

  

Source

L’article Les Birmans sous le choc au lendemain des violences les plus meurtrières depuis le coup d’État est apparu en premier sur zimo news.