La répression et la violence meurtrière n’en finissent plus de sévir en Birmanie, près de trois semaines après le coup d’Etat qui a porté l’armée au pouvoir. Symboliquement, le pays se prépare à vivre les funérailles de la première victime de la résistance anti-junte, prévue dimanche 21 février, au lendemain des violences les plus meurtrières depuis le coup d’Etat.
Mya Thwate Thwate Khaing, une épicière de 20 ans blessée par balles le 9 février et décédée vendredi, est devenue une icône de la lutte contre le pouvoir militaire. Des hommages ont débuté samedi à Rangoun, la capitale économique, des manifestants déposant des roses blanches et rouges devant son portrait avec de petits messages : « Tu es notre martyre », « Nous ne t’oublierons pas ».
Malgré les violences et les risques, la mobilisation prodémocratie ne faiblit pas, des grandes villes aux villages reculés du pays. Deux manifestants ont été tués et une trentaine blessés samedi à Mandalay, dans le centre de la Birmanie, par des tirs des forces de l’ordre lors d’un rassemblement anti-junte. Le bilan pourrait être provisoire.
Les secouristes ont rapporté que l’une des deux personnes tuées était un mineur qui a reçu une balle dans la tête, ajoutant que « la moitié des victimes ont été visées par des tirs à balles réelles, les autres ont été blessées par des munitions en caoutchouc et des tirs de lance-pierres ».
Condamnations internationales
Cette escalade de la violence a provoqué de nouvelles condamnations internationales. « L’usage de la force meurtrière, de l’intimidation et du harcèlement contre des manifestants pacifiques est inacceptable », a tweeté dans la nuit de samedi à dimanche le secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres. « Chacun a le droit de se rassembler pacifiquement. J’appelle toutes les parties à respecter les résultats de l’élection et à revenir à un gouvernement civil », a ajouté le chef de l’ONU.
I condemn the use of deadly violence in Myanmar.
The use of lethal force, intimidation & harassment against peacef… https://t.co/b498S8kb4O
Plus tôt dans la journée de samedi, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a appelé « l’armée et les forces de l’ordre à mettre immédiatement fin aux violences contre les civils », indiquant que l’Union européenne allait « prendre les décisions appropriées ». Les ministres des affaires étrangères de l’UE doivent se réunir lundi pour discuter d’éventuelles sanctions.
Des mesures coercitives visant uniquement certains généraux – comme c’est le cas de celles annoncées par les Etats-Unis, le Canada et le Royaume-Uni – ne suffiront pas, ont averti plusieurs ONG, exhortant à cibler aussi les puissants conglomérats contrôlés par les militaires. Pékin et Moscou, alliés traditionnels de l’armée birmane aux Nations Unies, considèrent, eux, la crise comme « une affaire intérieure » au pays.
Arrestations de responsables politiques
La junte fait fi des condamnations. Les vagues d’arrestations de responsables politiques, d’activistes ou de grévistes se poursuivent. Près de 570 personnes ont été interpellées depuis le 1er février, et seules une quarantaine relâchées, d’après une ONG d’assistance aux prisonniers politiques. Les connexions internet ont été coupées pour la septième nuit consécutive, avant d’être restaurées dans la matinée.
La peur des représailles est très forte en Birmanie où les derniers soulèvements populaires de 1988 et 2007 ont été réprimés dans le sang par l’armée. Malgré cela, parallèlement aux manifestations de rues, les appels à la désobéissance civile se poursuivent avec des médecins, enseignants, contrôleurs aériens ou cheminots toujours en grève. Les protestataires réclament l’abolition de la Constitution très favorable aux militaires, le retour du gouvernement civil et la libération des détenus, dont Aung San Suu Kyi, 75 ans.
L’ex-dirigeante, tenue au secret depuis son arrestation, est inculpée pour des motifs non politiques, accusée d’avoir importé « illégalement » des talkies-walkies et d’avoir violé une loi sur la gestion des catastrophes naturelles. Une audience est prévue le 1er mars.
Les militaires ont justifié leur coup d’Etat en invoquant des fraudes aux législatives de novembre, remportées massivement par le parti de la prix Nobel de la paix. Ils ont promis de nouvelles élections.
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