Une semaine après les élections du 7 février, c’était carnaval en Equateur. « Il y avait plein de monde dans les rues, parfois sans masque, raconte la docteure Grace Navarrete, professeure de santé publique à l’université de Guayaquil. Comment expliquer que les gens n’aient pas gardé mémoire de la tragédie que nous avons vécue ? »
Les images de cadavres empaquetés dans des sacs en plastique gisant sur les trottoirs de Guayaquil, en février 2020, avaient pourtant fait le tour du monde. Les services hospitaliers et funéraires de cette ville de 2,7 millions d’habitants étaient débordés. « Nous n’avons plus de place, ni pour les vivants ni pour les morts, déclarait la maire, Cynthia Viteri, le 20 avril 2020. Notre ville a été comme bombardée. »
Un an plus tard, l’Equateur enregistre 269 860 cas de Covid-19 et a passé la barre des 15 000 morts. Mais ce chiffre est probablement très inférieur à la réalité : les statistiques officielles font état d’une surmortalité de 40 000 personnes en 2020 au niveau national.
Manque de planification
« La pandémie a mis à nu les fragilités structurelles de notre système de santé », explique le docteur Fernando Sacoto, président de la Société équatorienne de santé publique. Manque de planification sur le long terme, désarticulation des opérateurs, incompétence des décideurs, politisation des nominations et corruption, la liste des maux est longue. Les coupes budgétaires et les réductions massives de personnel soignant mises en œuvre par le gouvernement de Lenin Moreno qui, élu en 2017 sous une étiquette socialiste, a viré à droite, n’ont évidemment rien arrangé.
Après quelque mois d’accalmie entre septembre et décembre 2020, les unités de soins intensifs (USI) de la capitale, Quito, tournent de nouveau à plein. Le 1er février, les services de santé de la ville indiquaient que 83 personnes étaient « en attente d’USI ». M. Sacoto fait remarquer qu’« une liste d’attente pour des soins intensifs est un non-sens ». L’arrivée des nouveaux variants du virus fait craindre une nouvelle explosion dans la capitale. Sur la base de la surmortalité régionale, l’épidémiologiste Alberto Naravez estime que « près de 60 % de la population de la province de Guayaquil pourrait y avoir été contaminée ».
« La politique de santé publique a été historiquement délaissée », poursuit le médecin, en rappelant que, depuis 1992, aucun ministre de la santé n’est resté le temps d’un mandat présidentiel. Le ministre actuel, Juan Carlos Zevallos, a multiplié les maladresses : au début de la pandémie, il promettait à ses concitoyens une rapide immunité collective ; le 21 janvier, il affirmait que les tests massifs sont inutiles. Sur la sellette pour avoir fait vacciner en priorité sa mère de 87 ans, M. Zavallos est silencieux depuis trois semaines.
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