« America First », prétendait Donald Trump. « America is back », se félicite à présent Joe Biden, son successeur à la Maison Blanche. Un slogan emprunt d’optimisme rédempteur, qui suscite autant d’interrogations que de soulagement, chez les alliés de l’Amérique.
Pour l’heure, le nouveau président multiplie les messages et les gestes rassurants à leur attention. Tel a été l’objectif essentiel de son discours, prononcé vendredi 19 février à l’occasion de la conférence sur la sécurité, à Munich, peu après la tenue d’une réunion des chefs d’Etat et de gouvernement du G7, par vidéoconférence.
Cette discussion a été essentiellement consacrée à l’urgence, soit la lutte contre la pandémie, ainsi qu’au climat. En revanche, la conférence de Munich a été le lieu où se sont exprimées des nuances entre alliés, même si tous émettent le vœu de cultiver la relation transatlantique et de refonder un multilatéralisme efficace. Seul le premier ministre britannique Boris Johnson s’est enthousiasmé du retour de l’Amérique « comme leader du monde libre. » Joe Biden, lui, n’a même pas mentionné le Royaume-Uni dans son intervention.
Le président américain n’a pas non plus abordé la question épineuse du devenir de l’OTAN. Dans son intervention, il a décrit le monde comme un champ de rivalité entre deux modèles, celui défendu par les régimes autocratiques et les démocraties. « Nous continuons de soutenir l’objectif d’une Europe entière, libre et en paix », a-t-il dit. M. Biden affirmé la volonté américaine de renouer avec l’Europe et de « regagner sa position de leadership fiable ». Pourtant, les Européens, eux, se focalisent sur les formes que devrait prendre leur autonomie stratégique, seul horizon possible pour exister sur fond d’affrontement sino-américain.
Concurrence géopolitique autour des vaccins
Concernant l’OTAN, Joe Biden s’est contenté de rappeler son attachement indéfectible à l’un des piliers de l’Alliance, l’article 5 sur la solidarité entre membres, si l’un d’entre eux était attaqué. Le président américain s’est aussi félicité de l’effort budgétaire des Européens en matière de défense et a confirmé qu’il gelait le retrait des 35 000 soldats américains stationnés en Allemagne.
Les accents choisis par Emmanuel Macron dans sa propre intervention différaient par rapport au prêche transatlantique chaleureux de son homologue américain. Le chef de l’Etat a insisté sur la nécessité de fournir des doses de vaccins au personnel médical des pays africains. Il l’a justifiée par la concurrence géopolitique dans ce domaine, avec les vaccins russe et chinois. Mais il a surtout mis en garde, de façon implicite, contre toute tentation illusoire d’un retour à un ordre américain, dans le camp libéral. Plus que jamais, le président français estime qu’un lien transatlantique régénéré passe par la capacité de l’Europe à tracer sa propre voie, et à s’affirmer sur le plan sécuritaire.
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