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En Inde, les plateformes de streaming dans l’œil des nationalistes

Manifestation contre la série « Tandav », décriée par les nationalistes pour sa représentation jugée offensante des divinités hindoues, le 18 janvier 2021, à New Delhi. Manifestation contre la série « Tandav », décriée par les nationalistes pour sa représentation jugée offensante des divinités hindoues, le 18 janvier 2021, à New Delhi.

Depuis leur arrivée en Inde, en 2016 et en 2017, la plateforme d’Amazon, Prime Video, et Netflix ont la belle vie. Contrairement aux salles de cinéma, les géants américains du streaming n’ont pas à passer au tamis de la censure. Ils peuvent être politiquement très incorrects sans que le pouvoir politique ne soit autorisé à s’interposer.

Ce fut le cas pour Netflix avec Sacred Games (Le Seigneur de Bombay, 2018), qui abordait le thème de la corruption au sein de la police, puis avec Leila (2019), qui projetait l’Inde dans un futur dictatorial, ou The White Tiger (Le Tigre blanc, sorti en ce début d’année), qui relate l’esclavage auquel les riches habitants de New Delhi soumettent les populations pauvres.

Le 18 janvier, l’ambiance s’est subitement alourdie dans le sous-continent. Manoj Kotak, député de Bombay encarté au BJP, le parti nationaliste hindou du premier ministre Narendra Modi, a porté plainte contre Prime Video, à propos de Tandav, une série ayant pour thème la lutte pour le pouvoir au sommet de l’Etat.

Le plaignant considère que, dès le premier épisode, des divinités hindoues « présentées de manière indigne » se voient prêter « un langage offensant pour les sentiments religieux ». Pris de peur, le réalisateur musulman, Ali Abbas Zafar, s’est empressé de demander pardon. « L’équipe de Tandav prend acte des préoccupations exprimées et présente des excuses sans condition à ceux que la série aurait involontairement heurtés », a-t-il déclaré sur Twitter.

Effet secondaire du Covid-19

C’est la première fois qu’une plateforme de contenus disponibles en ligne se trouve en situation de devoir rendre des comptes en Inde depuis qu’en novembre 2020 le ministère de l’information s’est arrogé un droit de regard sur les films en streaming, en dépit du vide juridique qui entoure leur diffusion. Bientôt, Prime Video et Netflix devraient être logés à la même enseigne que Bollywood, dont toutes les œuvres sont visionnées, avant leur sortie, par le Central Board of Film Certification (CBFC), un organisme étatique rarement avare de coupes dans les scénarios jugés dérangeants.

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Les plateformes s’attendent donc à subir à leur tour des pressions, dès que leurs scénarios sortiront des clous de la propagande officielle. La faute à la pandémie actuelle, qui a entraîné la fermeture des cinémas et offert un succès fulgurant au streaming ? « Auparavant, les sorties en salle représentaient la part la plus importante du gâteau mais, avec l’épidémie de Covid-19, les plateformes numériques sont devenues le principal mode de visionnage », observe Chandrima Mitra, juriste spécialiste de la question.

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