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En Argentine, la course contre la montre des procès des crimes de la dictature

Manifestation à Buenos Aires de personnes réclamant l’extradition de Mario Sandoval, en avril 2014. Manifestation à Buenos Aires de personnes réclamant l’extradition de Mario Sandoval, en avril 2014.

Pas de face à face entre accusés et proches de victimes, pas de longue attente au tribunal, pas de slogan « Presente ! Ahora y siempre ! » (« présent, maintenant et toujours », traditionnellement scandés après les noms de disparus)… C’est par visioconférence qu’a été énoncé le verdict dans le procès pour crimes contre l’humanité « ESMA IV », jeudi 18 février, diffusé en direct sur YouTube.

Huit accusés, anciens militaires et policiers sous la dictature, qui a régné en Argentine de 1976 à 1983, ont été condamnés à des peines allant de six ans de prison à la réclusion à perpétuité, pour des crimes commis à l’encontre de quelque 800 victimes (détention illégale, torture, meurtre, vol de bébés…)

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« Nous avions demandé la perpétuité pour sept des huit accusés ; mais c’est un verdict satisfaisant, qui établit la responsabilité de personnes qui n’avaient encore jamais été jugées », indique Sol Hourcade, avocate, membre du Centre d’études légales et sociales (CELS), ONG de défense des droits humains qui représentait plusieurs victimes dans ce procès.

L’Ecole de mécanique de la marine (l’ESMA, aujourd’hui reconvertie en musée de la mémoire et centre culturel) a abrité l’un des plus grands centres clandestins de détention durant la dictature militaire. Etant donné le grand nombre de victimes (estimé à 5 000 personnes, dont une grande majorité sont toujours portés disparus) et d’accusés, le « mégaprocès » ESMA comprend plusieurs volets : ESMA I, ESMA II, ESMA III (le plus long et le plus médiatique, dont le verdict est tombé en 2017)…

Offrir « mémoire, vérité et justice »

Et ESMA IV ne sera certainement pas le dernier : « De nouvelles preuves émergent toujours, qui permettent à leur tour d’établir de nouvelles responsabilités », indique Sol Hourcade, précisant que d’autres procès liés aux crimes commis à l’ESMA sont en cours, dont un qui se penche sur les agressions sexuelles et viols perpétrés par deux responsables militaires au sein du centre clandestin de détention. L’avocate cite également le cas de l’ex-policier Mario Sandoval, que la France a extradé fin 2019, et qui doit être jugé pour sa responsabilité dans pas moins de 500 crimes, notamment perpétrés à l’ESMA.

Plus de 1 000 personnes ont déjà été condamnées depuis 2006, date du premier verdict après la reprise des procès pour crimes contre l’humanité. A la suite des lois d’impunité et des amnisties de criminels de la dictature – notamment décrétées par l’ancien président Carlos Menem, décédé le 14 février – cette page dramatique de l’histoire argentine a été rouverte sous le mandat de Nestor Kirchner (2003-2007) afin d’offrir « mémoire, vérité et justice » aux victimes et aux familles endeuillées.

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