Publié le : 19/02/2021 – 07:29Modifié le : 19/02/2021 – 19:03
Pour leur première réunion virtuelle avec Joe Biden en tant que président des États-Unis, les dirigeants du G7 se sont engagés vendredi à revenir au multilatéralisme, malmené sous Donald Trump, en commençant par le partage des vaccins avec les pays pauvres. Le président français Emmanuel Macron a proposé que l’Europe et les États-Unis livrent 13 millions de doses de vaccins anti-Covid-19 à l’Afrique.
Une réunion pour le multilatéralisme et pour une distribution plus équitable des vaccins. Lors de la première réunion virtuelle du G7 avec Joe Biden, ses dirigeants se sont engagés, vendredi 19 février, à revenir au multilatéralisme et à œuvrer pour le partage des vaccins avec les pays pauvres. Le président français Emmanuel Macron a proposé que l’Europe et les États-Unis livrent « le plus vite possible » 13 millions de vaccins contre le Covid-19 à l’Afrique pour que le continent puisse vacciner ses 6,5 millions de soignants.
Un mois après son arrivée à la Maison Blanche avec la promesse d’une diplomatie aux antipodes des années Trump, Joe Biden a participé à ses premières réunions internationales en deux temps.
Il a d’abord pris part à une visioconférence avec les dirigeants de France, du Royaume-Uni, d’Allemagne, d’Italie, du Japon, du Canada et les chefs de l’Union européenne, dominée par la réponse à la pandémie, qui a fait plus de 2,4 millions de morts dans le monde. Il s’est ensuite exprimé devant la conférence sur la sécurité de Munich, une première pour un président américain lors de cet événement annuel réunissant chefs d’État, diplomates et spécialistes de la sécurité.
Livrer 13 millions de doses « le plus vite possible » à l’Afrique ?
Les dirigeants ont pris acte de cette nouvelle donne en disant vouloir faire de 2021 « un tournant pour le multilatéralisme », l’appliquant en premier lieu à la pandémie.
Lors de sa prise de parole, le président français Emmanuel Macron a insisté sur une distribution urgente des vaccins anti-Covid-19 à l’Afrique, en proposant que l’Europe et les États-Unis livrent « le plus vite possible » 13 millions de doses de vaccins destinées aux 6,5 millions de soignants du continent.
« Si nous, Européens, Américains, savons livrer le plus vite possible ces 13 millions de doses, ça vaut notre crédibilité » et « alors l’Ouest sera considéré en Afrique », mais « si nous annonçons des milliards aujourd’hui pour donner des doses dans six mois, dans un an, nos amis africains iront acheter des doses aux Chinois, aux Russes » et « la force de l’Ouest ne sera pas une réalité », a-t-il plaidé lors de la conférence sur la sécurité de Munich, après un plaidoyer similaire au G7 virtuel.
Dans leur communiqué, les dirigeants ont annoncé plus que doubler leur soutien collectif à la vaccination anti-Covid, à 7,5 milliards de dollars, notamment via le programme onusien Covax, piloté par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) que Washington vient de réintégrer après le départ à grand fracas voulu par Donald Trump.
En plus des États-Unis, l’Union européenne a doublé sa contribution à un milliard d’euros, tandis que l’Allemagne a débloqué de nouveaux fonds.
Ce programme vise à fournir cette année des vaccins anti-Covid à 20 % de la population de près de 200 pays et territoires participants, mais il comporte surtout un mécanisme de financement qui permet à 92 économies à faibles et moyens revenus d’avoir accès aux précieuses doses.
Londres veut donner la priorité à sa population
Les grandes puissances ont lancé, avec des succès divers, des campagnes de vaccination massive contre le coronavirus, mais les pays défavorisés restent pour l’instant à l’écart du mouvement.
Les pays riches ont commandé d’énormes quantités de doses sans savoir si ces vaccins seraient efficaces, mais vu le nombre de projets qui ont abouti, ils vont se retrouver avec des centaines de millions de doses excédentaires à leur disposition.
« Il s’agit d’une pandémie mondiale et cela ne sert à rien qu’un pays soit en avance, nous devons avancer ensemble », a déclaré le Premier ministre britannique Boris Johnson, dont le pays assure la présidence tournante du G7, en ouvrant la réunion. « Nous voulons nous assurer que nous distribuons nos vaccins à prix coûtant autour du monde, et que tout le monde soit vacciné. »
Le dirigeant britannique, qui peut se targuer du succès de sa campagne de vaccination, a déjà promis de redistribuer la plus grande partie de ses surplus via Covax. Mais son gouvernement, pressé de sortir d’un troisième confinement très dur, veut donner la priorité à sa population.
Le président français Emmanuel Macron, jugeant « insoutenable » que les pays pauvres soient délaissés, a plaidé dans le Financial Times pour que les pays riches envoient 3 % à 5 % de leurs doses disponibles à l’Afrique « très vite ».
Cette réunion du G7 est la première depuis avril 2020, la situation sanitaire ayant conduit à l’annulation du sommet que devait accueillir Donald Trump. Son successeur, au fil de ses premiers discours et conversations téléphoniques, a déjà esquissé les grandes lignes de l’évolution de la diplomatie américaine : discours plus dur envers la Russie de Vladimir Poutine, volonté de revenir dans l’accord sur le nucléaire iranien, et gages à des alliés malmenés.
Avec AFP
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