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Birmanie : au moins cinq blessés lors d’une manifestation anti-junte

Au moins cinq personnes ont été blessées, samedi, à Mandalay, dans le centre de la Birmanie, lorsque des policiers ont tiré sur des manifestants mobilisés contre le coup d’État militaire du 1er février.

Au moins cinq personnes ont été blessées, samedi 20 février, à Mandalay, dans le centre de la Birmanie, lorsque des policiers ont tiré sur des manifestants qui protestaient contre la junte et le putsch du 1er février, a constaté un journaliste de l’AFP.

Plusieurs centaines de policiers sont intervenus sur un chantier naval de la deuxième ville du pays, faisant craindre des arrestations d’employés mobilisés contre le coup d’État.

Des manifestants ont alors tapé sur des casseroles pour tenter d’empêcher les interpellations, mais la police a tiré, selon un journaliste de l’AFP présent sur les lieux.

 « Au moins cinq personnes ont été blessées », a ajouté cette source qui n’a pu préciser si les tirs avaient été effectués à balles réelles ou avec des munitions en caoutchouc. Des lance-pierres ont aussi été utilisés par la police, d’après des images de l’AFP.

Plus tôt dans la matinée, les manifestants pro-démocratie se sont rassemblés pour rendre hommage à Mya Thwate Thwate Khaing, une jeune femme âgée de 20 ans, décédée la veille, après avoir reçu une balle dans la tête, le 9 février, lors d’une manifestation à Naypyidaw, la capitale administrative de la Birmanie, violemment réprimée par les forces de l’ordre.

Plusieurs milliers de contestataires, dont des représentants des nombreuses minorités ethniques en costume traditionnel, sont de nouveau descendus dans les rues de Rangoun, la capitale économique.

Ils réclament le retour du gouvernement civil, la libération des détenus et l’abolition de la Constitution très favorable aux militaires.

Près de la célèbre pagode Shwedagon, dans le centre-ville, une couronne mortuaire a été déposée en hommage à Mya Thwate Thwate Khaing, première victime de la répression des généraux.

« La balle qui l’a transpercée a touché toutes nos têtes », a déclaré un contestataire. « Tu es notre martyre », a écrit un autre, en déposant une rose blanche au pied de son portrait.

La jeune fille a été ciblée à la tête par un tir à balles réelles, selon des médecins. Les autorités affirment, elles, que seuls des projectiles en caoutchouc ont été utilisés ce jour-là par les forces de l’ordre. Un service funéraire doit avoir lieu dimanche.

Près de trois semaines après le putsch du 1er février qui a renversé le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi et mis fin à une fragile transition démocratique de 10 ans, le concert de protestations internationales et l’annonce de nouvelles sanctions n’infléchissent pas les généraux.

Les connexions internet ont été quasiment coupées pour la sixième nuit consécutive, avant d’être restaurées dans la matinée. L’encyclopédie en ligne Wikipédia a, elle, été bloquée dans toutes les langues.

Centaines d’arrestations

Les interpellations se poursuivent avec près de 550 personnes arrêtées en moins de trois semaines (responsables politiques, fonctionnaires grévistes, moines, activistes…), d’après une ONG d’assistance aux prisonniers politiques. Seules une quarantaine ont été relâchées.

Les manifestations, qui ont rassemblé ces deux dernières semaines des centaines de milliers de Birmans à travers tout le pays, sont largement pacifiques, mais les forces de l’ordre n’ont pas hésité à avoir recours aux canons à eau, ainsi qu’à des tirs de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc.

À Myitkyina, dans le nord, de petits groupes de contestataires ont été dispersés, vendredi, par la police et des militaires armés de matraques, selon des vidéos en ligne et des témoins.

Une enseignante, qui était sur place et se cache désormais par crainte d’être arrêtée, a déclaré à l’AFP avoir assisté à des dizaines d’interpellations.

La junte a pour sa part fait état du décès, en début de semaine, d’un policier.

La peur des représailles est très forte en Birmanie où les deux derniers soulèvements populaires de 1988 et 2007 ont été réprimés dans le sang par l’armée.

Malgré cela, parallèlement aux rassemblements, les appels à la désobéissance civile se poursuivent avec des médecins, enseignants, contrôleurs aériens et cheminots toujours en grève.

À Monywa (centre), un soldat a fait le salut à trois doigts, en geste de résistance, avant de rejoindre une manifestation, d’après des images diffusées sur les réseaux sociaux.

Des hommes l’ont fait boire et il a participé au rassemblement sous l’emprise de la boisson, a assuré le journal Global New Light Of Myanmar, qui appartient à l’État, ajoutant que le militaire allait être poursuivi.

Des cuisiniers de Mandalay (centre) ont aussi répondu à leur manière aux appels, en gravant le visage d’Aung San Suu Kyi sur des pastèques décoratives.

Nouvelles sanctions ?

La crise reste au cœur de l’agenda international. Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne se réuniront lundi pour discuter d’éventuelles mesures contre l’armée.

« Sanctionner certains chefs militaires est symboliquement important, mais n’aura pas d’impact significatif », a averti l’ONG Burma Campaign UK.

« Il est peu probable qu’ils aient des avoirs à geler dans l’Union européenne, et une interdiction de visa n’équivaut à rien de plus qu’à une interdiction de vacances », a-t-elle ajouté, plaidant pour des mesures coercitives élargies aux puissants conglomérats contrôlés par les militaires.

À ce jour, les État-Unis, qui ont condamné « toute violence envers le peuple de Birmanie », n’ont annoncé que des sanctions ciblées contre certains généraux tout comme le Royaume-Uni, l’ancienne puissance coloniale, et le Canada.

Pékin et Moscou, alliés traditionnels de l’armée birmane aux Nations unies, considèrent la crise comme « une affaire intérieure » au pays.

Aung San Suu Kyi, 75 ans, tenue au secret depuis son arrestation, est inculpée pour des motifs non politiques, accusée d’avoir importé « illégalement » des talkie-walkies et d’avoir violé une loi sur la gestion des catastrophes naturelles.

Les militaires ont justifié leur coup d’État par des allégations de fraudes massives aux élections de novembre, largement remportées par le parti de la prix Nobel de la paix 1991.

Avec AFP       

 

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