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Alexeï Navalny de nouveau condamné, pour avoir « diffamé » un vétéran dans un tweet

L’opposant russe Alexeï Navalny lors d’une audience dans un tribunal à Moscou, le 20 février. L’opposant russe Alexeï Navalny lors d’une audience dans un tribunal à Moscou, le 20 février.

Le deuxième « procès Navalny » – si l’on compte depuis le retour en Russie de l’opposant, mi-janvier – s’est achevé et, avec lui, c’est une autre facette de la formidable machine à broyer déployée par l’Etat russe qui s’est révélée. Samedi 20 février, Alexeï Navalny a été condamné à payer une amende de 850 000 roubles (9 500 euros) pour avoir « diffamé » un vétéran de la seconde guerre mondiale dans un tweet.

La peine en elle-même est secondaire – ces dernières années, M. Navalny a collectionné les amendes, pour les motifs les plus divers. L’essentiel avait déjà été assuré le 2 février : en le reconnaissant coupable d’avoir violé les termes de son contrôle judiciaire durant la période de convalescence qui a suivi son empoisonnement, la justice avait envoyé l’opposant en prison pour deux ans et demi. Les multiples procédures judiciaires lancées contre lui, la plus récente pour « escroquerie », permettront d’allonger cette peine autant de fois que cela sera jugé nécessaire.

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Depuis le début, et plus encore avec le procès qui en a été tiré, l’affaire du vétéran Ignat Artemenko a ressemblé à une affaire conçue pour la télévision, pour l’image, ou plus précisément pour détruire celle d’Alexeï Navalny.

Cette affaire part d’une vidéo de la chaîne RT, publiée le 2 juin en soutien à la modification constitutionnelle qui devait offrir, un mois plus tard, le droit à Vladimir Poutine de rester au pouvoir après 2024. Plusieurs intervenants s’y succèdent, personnalités de la société civile ou simples citoyens. Parmi eux, un vétéran de la seconde guerre mondiale. Sur Twitter, Alexeï Navalny ironise sur les « vendus » intervenant dans la vidéo : « Regardez-les, c’est une honte pour le pays : des gens sans conscience et des traîtres. »

Dialogue de sourds

Sur Internet et à la télévision fédérale, une grande campagne se met alors en place pour « soutenir » le vétéran Ignat Artemenko, présenté comme la seule cible des mots de Navalny. Le 9 juin, son petit-fils affirme que le vieillard est tombé malade à cause de l’opposant. Le 15, le comité d’enquête ouvre une enquête pour diffamation.

Le procès, débuté le 5 février, a ressemblé à un interminable dialogue de sourds. M. Artemenko, 95 ans, n’y est apparu qu’un bref instant, en vidéo, pour lire une déclaration dans laquelle il confirme avoir été « blessé » par les mots de M. Navalny sur Twitter, puis il a affirmé se sentir mal et une ambulance est venue le chercher. L’avocate de l’opposant a fait remarquer que le vieil homme avait lu sa déposition, y compris les derniers mots demandant l’arrêt de l’interrogatoire. Elle a aussi tenté de contester la notion de « diffamation » plutôt que celle d’injure, et demandé ce qui permettait d’affirmer que celle-ci s’adressait au seul vétéran.

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