En France, près de 100 000 animaux sont détenus en captivité, pour être chassés ! La chasse en enclos, décriée de longue date par les associations de protection animale, est aujourd’hui dénoncée… par certains chasseurs eux-mêmes ! Fort de ce constat, 30millionsdamis.fr demande aux gouvernement d’interdire, au plus vite, cette pratique cruelle, dangereuse et injustifiable au regard de la prétendue « régulation ».
Près de 300 sangliers et cervidés abattus en trois heures, dans un domaine du Loiret, il y a quelques semaines ! Une « régulation », vraiment ? Au micro de France Info, Raymond Louis, Président de l’association des amis des chemins de Sologne – et lui-même chasseur – fustige la chasse en enclos, ce loisir qu’il qualifie de « ball-trap sur cible vivante » (12/02/2021).
Riche d’une superficie de 5 000 kilomètres carrés, la forêt Solognote recouvre aujourd’hui « une mosaïque géante d’enclos de chasse privés, où des milliers d’animaux sauvages se retrouvent pris au piège, derrière plus de 3 500 kilomètres de grillage », explique de son côté l’Association pour la Protection des animaux sauvages (Aspas).
Des dizaines de milliers d’animaux victimes de cette barbarie
Ce n’est plus de la chasse mais un massacre.
Raymond Louis – Chasseur (sur France Info)
Un carnage tel que les chasseurs eux-mêmes dénoncent cette pratique ! « Quand vous entendez pendant un quart d’heure la pétarade, franchement, même en tant que chasseur, je préfère descendre de mon mirador et rentrer chez moi, confie à France Info Hubert-Louis Vuitton, président de la Fédération départementale des chasseurs du Loir-et-Cher. Ce qui me choque, c’est d’avoir ces quantités de gibier, étalés à droite à gauche, dans le sang ». « Quand on prélève 200 sangliers en une partie de chasse sur un domaine de moins de 150 hectares, ce n’est plus de la chasse mais un massacre », confirme R. Louis sur Reporterre. Sans oublier les animaux qui se retrouvent régulièrement coincés dans les grilles au péril de leur vie…
Au total, en France, 50 000 à 100 000 animaux d’espèces différentes – des sangliers principalement, mais aussi, des cerfs élaphes, mouflons, daims, biches et chevreuils – sont victimes de cette barbarie, que ce soit lors des périodes de chasse (dans les parcs) ou tout au long de l’année (dans les enclos). Un nombre vertigineux révélé par une enquête de l’ASPAS en septembre 2019. « Cette chasse ne se justifie pas en termes de régulation de la biodiversité, avait alors déploré la directrice de l’association, Madline Rubin. C’est juste de la cruauté pure pour amuser des poignées de personnes en recherche de sensations. C’est aberrant et il faut que cela cesse ». La pétition de l’ASPAS contre cette pratique d’un autre temps a recueilli plus de 50 000 signatures.
Des problèmes sanitaires et écologiques
De la cruauté pure pour amuser des personnes en recherche de sensations.
Madline Rubin – ASPAS
A cette souffrance animale, s’ajoutent d’éminents problèmes sanitaires et écologiques, tous soulignés par les experts du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), (« L’engrillagement en Sologne : synthèse des effets et propositions », août 2019). Primo, les clôtures participent à la fragmentation des habitats, avec comme conséquences : un appauvrissement des sols, une réduction de la circulation faunique, une diminution de l’alimentation et de la reproduction naturelle des animaux, un appauvrissement génétique, mais aussi, une fragilisation des faons et de la petite faune, ou encore, une augmentation des risques de contaminations épizootiques.
Secundo, certains des animaux tirés dans les espaces clos sont importés d’élevages, parfois même depuis l’étranger. Car si toute importation de sangliers issus du milieu naturel est interdite depuis l’Union européenne ou des pays tiers, en revanche, les introductions provenant de France et d’élevages d’un pays-membre (voire d’un pays-tiers) restent autorisées, moyennant respectivement une notification auprès d’une base de données et un certificat sanitaire. Or, en pratique, les introductions officielles de sangliers provenant d’Etats membres de l’UE seraient très peu nombreuses, mal renseignées et proviendraient essentiellement de Hongrie et de Pologne qui constituent des zones à risques, au regard de la peste porcine africaine qui sévit dans ces pays. « Les importations illégales existent, alertaient déjà les experts, en 2019. Cette opacité partielle fait courir un risque considérable à l’ensemble du dispositif sanitaire français ». Des importations qui viennent d’autant plus biaiser la prétendue « régulation » de la faune sauvage, maintes fois invoquée par les chasseurs…
Une proposition de loi pour interdire la chasse en enclos ?
En début d’année 2021, le député (LaRem) François Cormier-Bouligeon a annoncé avoir rédigé une proposition de loi pour lutter contre l’engrillagement des forêts françaises. Parmi les mesures envisagées : « l’interdiction de la chasse en enclos sur l’ensemble du territoire national, l’encadrement des importations de cervidés et l’interdiction de l’agrainage du grand gibier en tout temps et tout lieu », confirme le parlementaire, contacté par 30millionsdamis.fr. Des vœux également formulés par le CGEDD dans son rapport de 2019.
L’article Le scandale de la chasse en enclos dénoncé par les chasseurs eux-mêmes ! est apparu en premier sur zimo news.