EnquêteA l’instar des expatriés roumains, qui ont voté en masse pour les partis pro-européens et libéraux lors des législatives de décembre 2020, les citoyens des ex-pays de l’Est vivant à l’Ouest pèsent de plus en plus dans les scrutins de leur pays d’origine et chahutent les équilibres politiques nationaux.
Ils sont des milliers de Roumains à patienter un peu partout en Europe, ce 6 décembre 2020, devant les bureaux de vote installés dans leurs ambassades. Celui de Vienne, en Autriche, est l’un des 748 que Bucarest a ouverts pour permettre à ses ressortissants à l’étranger de participer aux législatives. Avec plus de 3 millions d’expatriés à travers le monde, la diaspora roumaine − 15 % de la population − est l’une des plus importantes d’Europe. Devant l’ambassade, à Vienne, les discussions vont bon train.
Militant du Parti de la liberté, de l’unité et de la solidarité (PLUS, libéral et pro-européen), Liviu Negut, 28 ans et programmeur de logiciels, assure que « c’est notre devoir de voter pour changer la Roumanie ». Lui et sa compagne, chargée de communication dans une société de gestion de brevets, participent « à chaque élection ». Le couple habite depuis 2012 à Vienne, où ils sont restés après leurs études. Diplômés et pro-européens, à l’image de la jeunesse qui a fait tomber, en 2019, le précédent gouvernement roumain, les deux cadres ont à maintes reprises manifesté devant leur ambassade en Autriche pour dénoncer les atteintes portées à l’indépendance de la justice par le Parti social-démocrate (PSD) alors au pouvoir en Roumanie et dont le leader a fini emprisonné pour corruption.
A quelques mètres de là, des supporteurs du nouveau parti de droite nationaliste, Alliance pour l’unité des Roumains (AUR), font un esclandre, affirmant qu’on les empêche de voter. Surtout, ils se filment pour être vus sur les réseaux sociaux. « Nous avons quitté la Roumanie pour avoir une vie meilleure, mais nous demeurons roumains et nous aimons notre pays », explique leur représentant en Autriche, Constantin Alin. Cet ingénieur en informatique ne voit aucune contradiction à défendre une vision nationaliste, tout en vivant à l’étranger : « Que ce soit en Roumanie ou en Autriche, les immigrés qui viennent pour travailler ne posent pas de problème », affirme-t-il.
Cette bataille de trottoirs, à plus de 500 km de la frontière roumaine, est symbolique. Alors que ces deux partis, récemment créés, se disputent des électeurs ayant quitté leur pays d’origine, le PSD, qui domine la scène politique roumaine depuis 1989, est, lui, complètement absent des débats à l’étranger. Cette formation issue du Parti communiste, qui s’est dévoyée dans la corruption et a dérivé vers le souverainisme ces dernières années, n’a pas déployé un seul militant à Vienne, ni ouvert de page Facebook consacrée aux Roumains de l’étranger – le b.a.-ba de ses concurrents cherchant à séduire la diaspora.
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