Au cours des onze derniers mois, Reign Free a fait tout ce qu’elle a pu pour maintenir sa petite affaire de traiteur ouverte malgré la pandémie, un combat auquel de nombreux chefs d’entreprise afro-américains ont été confrontés.
Reign Free a contracté des prêts auprès du gouvernement américain et recherché de nouvelles opportunités commerciales.
Mais elle se demande combien de temps son enseigne Red Door Catering à Oakland, en Californie, va pouvoir survivre à la crise.
« Nous récupérons des miettes et ce n’est pas suffisant. Nous avons encore de l’espoir et essayons toujours de rester à flot, mais vraiment, nous nous enfonçons de plus en plus », confie-t-elle à l’AFP.
Les minorités sont durement touchées par la pandémie de Covid-19 aux Etats-Unis, avec des taux plus élevés de décès, de chômage et de faillites d’entreprise, et moins de réussite dans l’obtention d’une aide du gouvernement fédéral.
Le président Joe Biden assure que son plan de relance de 1.900 milliards de dollars financera une large campagne de vaccination permettant le retour des affaires, et remédiera aux inégalités qui se sont aggravées pendant la pandémie.
« C’est un effort important », relève Cathy Adams, présidente-directrice générale de la chambre de commerce afro-américaine d’Oakland, à propos du plan du président démocrate.
Les membres de la chambre de commerce ont réussi à éviter la fermeture au cours des derniers mois, mais seulement au prix d’une lutte considérable. Et la responsable craint pour leur avenir.
« Imaginez s’ils n’obtiennent rien. Davantage d’entreprises ont fermé, les gens sont sans abri: nous avons été frappés de plein fouet » par les conséquences de l’épidémie, ajoute-t-elle.
– Antécédents médicaux –
La pandémie de Covid-19 a fait des ravages aux Etats-Unis, tuant plus de 475.000 personnes et entraînant des licenciements massifs, avec 20,4 millions de chômeurs en janvier, selon les données du ministère du Travail.
Et elle a également creusé les inégalités.
Le taux de chômage, qui était de 5,7% pour les Américains blancs le mois dernier, s’élevait à 9,2% pour les Afro-Américains et à 8,6% pour les Hispaniques, selon les chiffres officiels.
Les données gouvernementales montrent également que ces deux minorités ont des taux de mortalité dus à la maladie plus élevés que ceux des Blancs, et que leurs entreprises sont également en plus grand danger.
Une étude de la Réserve fédérale de New York publiée en août concluait qu’au début de la pandémie, les petites entreprises appartenant à des Noirs avaient fait faillite à un rythme deux fois supérieur à la moyenne nationale de 22%. Les entreprises appartenant à des Hispaniques et à des Asiatiques accusaient également des taux de fermeture plus élevés.
Pour y faire face, le Congrès a voté dès mars 2020 le Programme de protection de la paie (PPP), offrant des prêts et des subventions aux petites entreprises, dans le cadre du programme de secours de 2.200 milliards de dollars de la loi CARES.
Mais en Californie, l’Etat américain le plus peuplé, les quartiers noirs et hispaniques ont reçu moins d’argent au titre du PPP que les quartiers blancs et asiatiques, selon une étude de l’Université de Californie, basée à Los Angeles.
– Inégalités raciales –
Pour Rodrigo Dominguez-Villegas, co-auteur de l’étude, les entreprises appartenant à des minorités, ayant tendance à manquer de relations avec les grandes banques ou d’expérience avec des programmes gouvernementaux aussi massifs, ont demandé de l’aide tardivement, alors que les fonds étaient déjà épuisés.
Ces programmes finissent paradoxalement « par aggraver les inégalités raciales qui existaient déjà auparavant », a souligné l’expert.
Le plan de Biden entend maintenir le filet de sécurité contre le chômage, élargi par la loi CARES, et prévoit des chèques de soutien allant jusqu’à 1.400 dollars par personne, mais il fait face à l’opposition de législateurs surtout républicains qui trouvent ce montant excessif.
Pour William Spriggs, économiste en chef de la fédération syndicale AFL-CIO, ce programme constitue « un élément clé de l’équité raciale en ajoutant des fonds supplémentaires (…), sachant que la durée du chômage chez les Afro-Américains est plus longue que pour tout autre groupe ».
Selon des données de la banque centrale américaine datant de 2019, soit avant la pandémie, une famille afro-américaine moyenne disposait déjà de huit fois moins de richesses qu’une famille blanche moyenne.
La proportion était de cinq fois moins pour une famille hispanique moyenne.
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