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L’accès au vaccin anti-Covid, miroir des inégalités au Proche-Orient

Des aide-soignants préparent des vaccins Pfizer-BioNTech, à l’hôpital universitaire Rafik Hariri, le 14 février à Beyrouth. Des aide-soignants préparent des vaccins Pfizer-BioNTech, à l’hôpital universitaire Rafik Hariri, le 14 février à Beyrouth.

Quand on est Arabe, âgé de plus de 75 ans ou sujet à des maladies cardio-vasculaires et que l’on s’impatiente d’être immunisé contre le Covid-19, il vaut mieux habiter une cité-Etat du Golfe qu’une province syrienne ou yéménite. L’état d’avancement de la campagne de vaccination contre le coronavirus dans les différents pays du Proche-Orient procède directement de leur niveau de développement et de stabilité politique.

Entre les Emirats arabes unis (EAU), fédération gorgée de pétrodollars, qui prévoient d’avoir inoculé un vaccin à la moitié de ses 10 millions d’habitants à la fin du mois de mars, et la Syrie, Etat anéanti par dix années de guerre civile, qui n’est même pas sûr d’avoir reçu la moindre dose à cette date-là, le gouffre est béant.

« Au Proche-Orient, plus on est riche, plus on est vacciné tôt, observe Shadi Saleh, directeur du Global Health Institute de l’Université américaine de Beyrouth, qui distingue trois types de pays. En tête, on trouve les monarchies de la péninsule arabique, qui ont été proactives, ont passé commande très vite, pour être livrées en grande quantité. Ensuite, il y a les Etats avec des ressources limitées, comme l’Egypte, le Liban et la Jordanie, qui ont reçu des vaccins en petite quantité, souvent grâce à une aide étrangère, et attendent leur quote-part du Covax [le mécanisme de distribution du vaccin de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) destiné aux pays pauvres]. Et enfin, il y a les pays en crise, comme la Syrie, le Yémen, l’Irak et la Palestine, où la campagne de vaccination n’a même pas encore commencé. »

Un pari audacieux

Sur la rive arabe du Golfe, la ronde des piqûres anti-Covid a commencé dès la seconde moitié du mois de décembre, en même temps que les grands pays occidentaux. La palme de la rapidité revient aux Emirats arabes unis, qui ont atteint, dimanche 14 février, le ratio de 51 doses administrées par 100 habitants, le deuxième meilleur résultat à l’échelle mondiale, derrière Israël (74) et loin devant les Etats-Unis (16). Une performance qui s’explique par la taille relativement réduite de la population émiratie, sa concentration dans deux grosses villes – Abou Dhabi et Dubaï, qui sont quadrillées de centres de vaccinations, mais aussi par un pari audacieux.

Bien que très proche alliée des Etats-Unis, la pétromonarchie, qui a comptabilisé 1 027 décès dus au Covid-19, a fait le choix du vaccin chinois Sinopharm, au test duquel ses habitants ont participé dès le mois de juillet. Moins cher que le vaccin américano-allemand Pfizer-BioNTech, il est aussi moins exigeant d’un point de vue logistique. Il se conserve dans un réfrigérateur classique, entre 2 et 8 °C, alors que son concurrent doit être entreposé dans des super-congélateurs, à − 70 °C. A Noël, alors qu’il suscitait encore un certain scepticisme en Occident, les EAU se sont mis à injecter le produit chinois à leur population, persuadés de sa parfaite efficacité.

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