Le président Recep Tayyip Erdogan a ravivé, lundi 15 février, l’un des principaux points de contentieux entre la Turquie et les Etats-Unis en accusant ces derniers de soutenir les « terroristes » kurdes après « l’exécution », selon Ankara, de treize Turcs aux mains des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en Irak. « Les déclarations des Etats-Unis sont déplorables. Vous dites ne pas soutenir les terroristes mais vous êtes bel et bien à leurs côtés », a affirmé M. Erdogan lors d’un discours.
La charge de M. Erdogan, mécontent de la réaction de Washington à la mort des ressortissants turcs, s’est accompagnée d’une protestation diplomatique avec la convocation de l’ambassadeur américain au ministère des affaires étrangères turc, à Ankara. Sur le terrain, les forces de sécurité ont lancé un coup de filet dans les milieux prokurdes en Turquie. Les autorités turques ont annoncé plus de 700 arrestations.
La Turquie a accusé dimanche le PKK d’avoir fait exécuter treize de ses ressortissants, membres des forces de sécurité pour la plupart, qu’il retenait en captivité dans le nord de l’Irak depuis plusieurs années. Selon le ministre de la défense turc, Hulusi Akar, des militaires turcs ont découvert treize corps sans vie dans une grotte de la région de Gara, dans le nord de l’Irak, où Ankara mène depuis mercredi une opération contre le PKK, un groupe qualifié de « terroriste » par Ankara et ses alliés occidentaux.
Washington dit « déplorer » ces morts
Le PKK a reconnu la mort d’un groupe de prisonniers, mais a réfuté la version d’Ankara, affirmant qu’ils avaient été tués lors de frappes aériennes turques. Le département d’Etat américain a déclaré, dimanche, « déplorer » ces morts. « Si les informations sur la mort de civils turcs aux mains du PKK, une organisation classée terroriste, se confirment, nous condamnons ces actions dans les termes les plus forts », a-t-il ajouté dans un communiqué.
Les déclarations de M. Erdogan rejetant la condamnation américaine traduisent la méfiance d’Ankara envers Washington en ce qui concerne sa politique à l’égard des rebelles kurdes. Si Washington considère le PKK comme une organisation terroriste, il n’en soutient pas moins des milices kurdes qui y sont liées en Syrie dans le cadre de la lutte contre le groupe Etat islamique (EI). Ce soutien aux milices kurdes syriennes des YPG, qui a commencé sous l’administration de Barack Obama, est depuis plusieurs années au cœur des tensions qui plombent les relations turco-américaines.
718 personnes arrêtées
« Vous ne pouvez pas être avec les terroristes. Si vous voulez vous ranger du côté d’une des parties, soyez à nos côtés », a ajouté M. Erdogan à l’adresse de Washington. Les pertes annoncées dimanche ont accentué la pression sur le parti prokurde de Turquie, le HDP, que les autorités turques présentent comme la vitrine politique du PKK.
Le ministère de l’intérieur turc a ainsi annoncé, lundi, que les forces de sécurité avaient arrêté 718 personnes, dont des dirigeants du HDP, soupçonnées de liens avec le PKK. « Un grand nombre d’armes, de documents et du matériel numérique appartenant à l’organisation (terroriste) ont été saisis lors des perquisitions », a ajouté le ministère, précisant que des opérations étaient toujours en cours dans 40 villes turques.
Le HDP avait exprimé dimanche sa « profonde tristesse » après la mort des ressortissants turcs en Irak, appelant le PKK à libérer ses prisonniers restants.
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