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Face au renforcement du « Buy American », le Canada sur la défensive

La signature, le 25 janvier, par Joe Biden d’un décret renforçant le Buy American Act (« achetez américain ») a fait office, pour le Canada, de piqûre de rappel. « Joe Biden va être un partenaire plus prévisible, plus courtois et plus respectueux du multilatéralisme, mais il ne sera certainement pas moins protectionniste que Donald Trump », prévient Richard Ouellet, professeur de droit international à l’université Laval, à Québec.

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Ce nouveau décret présidentiel, conforme aux engagements électoraux du candidat démocrate, exige un réexamen complet de l’application du Buy American Act, une loi datant de 1933, qui permet de favoriser les fournisseurs nationaux dans l’attribution des contrats publics. Signe de l’importance accordée à cet outil destiné à relancer la production nationale et à préserver les emplois industriels locaux, un « M. Made in America » va être nommé à la Maison Blanche.

« Nos industriels sont inquiets », témoigne Véronique Proulx, présidente des Manufacturiers et exportateurs du Québec. « Si l’accès aux marchés publics américains se resserre, c’est tout notre tissu industriel qui va en pâtir. » En 2019, la seule manne fédérale américaine avait représenté près de 600 milliards de dollars américains (500 milliards d’euros) de contrats. A coups de dérogations obtenues par les entreprises canadiennes, de participations croisées dans des consortiums américano-canadiens, les sociétés canadiennes étaient parvenues à s’immiscer dans ces marchés publics – certes, pour moins de 1 % de leur valeur totale, mais cela représentait tout de même une aubaine pour le « pays de l’érable », qui vit largement de sa relation commerciale avec son grand voisin.

« Signal très négatif »

En 2020, plus de trois quarts des exportations canadiennes étaient destinées au marché américain. Aujourd’hui, ces industriels craignent qu’une application plus rigoureuse de la loi américaine les prive de toute possibilité d’exemptions. Beaucoup tentent de se rassurer, en estimant qu’il s’agit surtout, de la part de Joe Biden, d’une posture politique censée complaire à ses propres électeurs.

« Toutes les chaînes d’approvisionnement de notre industrie sont tellement liées avec les Etats-Unis que ces mesures de fermeture économique n’ont pas de sens. Mais elles envoient un signal très négatif, qui pourrait casser la dynamique de reprise des deux côtés de la frontière », redoute Vincent Trudel, vice-président de l’exploitation chez Marmen, une entreprise spécialisée dans la construction de tours éoliennes. Pour décrocher un important appel d’offres d’éoliennes offshore lancé par l’Etat de New York en 2020, la société s’est d’ailleurs engagée à construire une usine de fabrication sur place. Rien ne l’y obligeait, mais le « produire local » est, depuis longtemps, une assurance supplémentaire de remporter le marché.

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