Posted onAuthorComments Off on En Pologne, archiver la contestation
Par Jakub Iwaniuk
Publié aujourd’hui à 14h07, mis à jour à 15h04
En imagesNée en 2019 de la coopération de 17 photographes, l’Archive de la protestation publique – APP – est une plate-forme numérique documentant les tensions sociales et politiques survenues en Pologne depuis 2015.
A gauche : A Varsovie, le 27 janvier 2021, et partout en Pologne les gens sont descendus dans la rue, pour contester la quasi interdiction de l’avortement par la Cour constitutionnelle. Près de 100 jours se sont écoulés entre la déclaration et la mise en œuvre du nouveau projet de loi.A droite : Dans la ville de Torun, le 30 novembre, une manifestation est organisée au poste de police pour exiger la liberation des manifestants arrétés arbitrairement sans pouvoir consulter d’avocat. RAFAL MILACH / MAGNUM PHOTOS / JOANNA MUSIAL/ APP
Depuis fin 2015, et l’arrivée au pouvoir du parti national conservateur Droit et Justice (PiS), la Pologne, qui semblait depuis 1989 se diriger progressivement vers une certaine « normalité démocratique » européenne, est entrée en ébullition. La brutale remise en cause des principes de l’Etat de droit initiée par le nouveau pouvoir, ses relents autoritaires ainsi que l’érosion graduelle des droits civiques n’ont pas laissé la société civile polonaise indifférente. Les occasions de s’indigner et de battre le pavé n’ont pas manqué, que ce soit pour défendre la séparation des pouvoirs, la liberté de la presse, le droit des femmes à avorter ou pour le respect des minorités sexuelles, qui sont devenues le premier des boucs émissaires du pouvoir.
C’est ce tournant historique que s’est donné pour mission de documenter l’Archive de la Contestation en Pologne (APP – The Archive of Public Protests), un projet né de la coopération de dix-sept photographes polonais d’horizons différents. La plate-forme, mise en ligne en 2019, compile des images des manifestations depuis fin 2015, et réunit environ 10 000 clichés. A l’origine du projet, le photographe et artiste visuel Rafal Milach. Pour lui, il se veut un « recueil cherchant à s’affranchir des contraintes, esthétiques et commerciales, propres à la photographie de presse, pour créer une archive qui pourrait être un point de départ pour divers travaux, scientifiques, sociologiques, artistiques ou militants. » Conformément d’ailleurs au profil de certains des auteurs.
« Soutenir les milieux discriminés »
Le travail de la plate-forme pose la question de la frontière entre l’engagement, le militantisme et le travail du photographe. « Au début, en prenant part aux manifestations comme simple citoyen, j’ai commencé à prendre mon appareil photo et à documenter, raconte Rafal Milach. Avec le temps, je me suis aperçu que beaucoup de mes collègues photographes faisaient de même. Non sur commande, mais par besoin personnel, par une certaine posture civique et citoyenne. » C’est ainsi que l’idée de la plate-forme est née.
« Il est devenu vite clair que notre travail allait avoir un postulat, et n’allait pas se fixer pour objectif de refléter la réalité de manière objective. Que ce travail serait l’expression de notre opinion au sujet des processus politiques et sociaux en cours en Pologne », ajoute-t-il. Un postulat militant : celui de « soutenir les milieux de la société discriminés par le pouvoir, se mettre du côté des plus faibles, ceux qui dans la lutte avec le pouvoir n’ont aucune chance. » Et avec pour mission de « motiver les gens, leur soulever les coeurs, leur redonner du courage » face au sentiment d’impuissance souvent ressentit par nombre de citoyens face au « rouleau compresseur » d’un pouvoir qui recule rarement.
A cet égard, le travail de l’Archive pose la question de la puissance de l’image dans sa capacité à influer le cours des événements. « En créant APP, nous devions un peu idéaliser la foi dans la capacité de l’image à changer les choses, s’amuse Rafal Milach. Mais si l’image isolée a une capacité d’influence limitée, nous croyons que la compilation d’images forme un tout, qui s’inscrit dans un certain discours, un mouvement, qui peut devenir un catalyseur et un outil qui soutien le processus de changement. » Une initiative qui prouve aussi que face au tsunami de clichés qui inondent la Toile, et peuvent donner l’impression que « tout a été fait » sur un sujet donné, la réflexion et l’ambition créative ont encore toute leur place.
Le 27 janvier, le Tribunal constitutionnel a déclaré l’interruption volontaire de grossesse en raison de malformation grave du fœtus contraire à la Constitution. A Varsovie, des milliers de personnes descendent dans la rue pour dénoncer cet arrêt. RAFAL MILACH / MAGNUM PHOTOS/ APP Dès la promulgation de l’arrêt renforçant la loi contre les avortements, le 22 octobre 2020, les Polonaises sont descendues en masse pour manifester. L’éclair rouge est devenu le symbole du mouvement Strajk Kobiet (« Grève des femmes ») et de la colère suscitée par l’inconstitutionnalité de l’IVG en Pologne. RAFAL MILACH / MAGNUM PHOTOS A Wroclaw, dans l’est de la Pologne, le 28 novembre 2020, lors des manifestations de femmes contre le durcissement de la loi sur les avortements. BARTEK SADOWSKI Manifestation organisée par le mouvement de femmes « Strajk Kobiet », à Varsovie, à l’occasion du cent deuxième anniversaire du droit de vote accordé aux femmes polonaises. Ce 28 novembre 2020 marque aussi le trente-huitième jour de manifestations pro-avortement en Pologne. RAFAL MILACH / MAGNUM PHOTOS/ APP Le 30 janvier, à Zyrardow (centre de la Pologne), une petite ville connue pour les revendications de ses travailleuses. RAFAL MILACH / MAGNUM PHOTOS/ APP A Varsovie, le 30 janvier, la manifestation s’est déplacée à Zoliborz, dans le quartier de résidence du président de la coalition au pouvoir, Jaroslaw Kaczynski. PAWEL STARZEC /MICHALINA KUCZYNSKA / APP Marche « des mille robes » à Varsovie, le 11 janvier, contre la politisation du système judiciaire par le parti populiste de droite au pouvoir (PiS). RAFAL MILACH / MAGNUM PHOTOS/ APP Lors de la marche « des mille robes » qui dénonce la nomination des juges polonais par le nouveau Conseil national de la magistrature controlé par le pouvoir. Varsovie, le 11 janvier 2020. RAFAL MILACH / MAGNUM PHOTOS/ APP A Varsovie, le 26 juin 2020. Manifestations en réaction aux propos du président Andrzej Duda, qui avait affirmé le 13 juin que les personnes LGBT n’étaient pas des personnes, mais une « idéologie » comparable à une « sorte de néobolchévisme ». AGATA KUBIS / APP A Cracovie, le 19 août 2020, mobilisation après l’arrestation d’une militante à Varsovie et l’interpellation d’une cinquantaine de contestataires qui tentaient de s’y opposer. JOANNA MUSIAL / APP Dans un pays catholique à 90 %, sous le gouvernement du PiS, l’alliance du trône et de l’autel a pris des proportions jamais vues depuis 1989. Une posture que l’Eglise paie cher. Selon l’institut de sondage de référence CBOS, depuis l’arrivée du PiS au pouvoir en 2015, le taux d’opinion positive vis-à-vis de l’Eglise dans la société polonaise est tombé de 62 % à 41 %. Manifestations, « Assez » à Varsovie, le 19 décembre 2020. WOJTEK RADWANSKI / APP Le 11 novembre 2020, jour de l’indépendance de la Pologne, des organisations d’extrême droite, ultracatholiques, néofachistes et des manifestants soutenus par des politiciens du parti Konfederacja ont défilé à Varsovie, donnant lieu à des émeutes. RAFAL MILACH / MAGNUM PHOTOS/ APP Dès 2016, de grandes manifestations sont organisées à Varsovie, et dans de nombreuses villes en Pologne contre le relecture du droit à l’avortement. RAFAL MILACH / MAGNUM PHOTOS/ APP A gauche : une manifestation à Varsovie contre la modification de la loi sur l’avortement, le 23 mars 2018. A droite : en juillet 2018, la rue manifeste contre la politisation du système judicaire, en scandant le nom du président du PIS, Andrzej Duda. RAFAL MILACH / MAGNUM PHOTOS/ APP En juin 2018, Andrzej Duda, candidat à sa propre succession, signe le 10 juin une « charte pour la famille » visant notamment à « défendre l’institution du mariage comme union d’un homme et d’une femme » et à « protéger les enfants » en « interdisant la diffusion de l’idéologie LGBT dans les institutions publiques ». Manifestation LGBT, à Varsovie. RAFAL MILACH / MAGNUM PHOTOS/ APP Le 21 septembre 2019 à Torun, une manifestation contre l’offensive anti-LGBT lancée par la droite polonaise. C’est l’un des principaux axes de la campagne du pouvoir ultraconservateur de Droit et justice (PiS) en vue du scrutin législatif du 13 octobre. Une trentaine de régions, départements, communes –, essentiellement situées dans les régions très conservatrices du sud-est du pays, ont adopté des déclarations visant à « endiguer l’idéologie LGBT » dans leurs territoires. AGATA KUBIS / APP A Varsovie le 20 juillet 2017, les manifestants anti-PiS se mobilisent devant le Parlement polonais, pour contester l’adoption du projet de loi visant à modifier le mode de nomination les juges de la Cour suprême. Au centre de la photo, Cezary Pawel Kasprzak, un journaliste, cinéaste et militant associatif et politique polonais. Il est cofondateur et l’un des leaders du mouvement des Citoyens de la République de Pologne. ADAM LACH / NAPO / APP
Auch mit ihrer schriftlichen Antwort lehnt die US-Regierung russische Kernforderungen zur Ukrainekrise ab. Ein Angriff Moskaus auf das Nachbarland wird immer wahrscheinlicher.
Beim bundesweiten Twitter-Marathon der Polizei hat deren Notrufnummer 110 im Mittelpunkt gestanden. Mit dem Kurznachrichtendienst Twitter gaben mehr als 30 Polizeibehörden in Nordrhein-Westfalen zwölf Stunden lang Einblick in die Arbeit der Polizisten, die in den Leitstellen die Notrufe entgegennehm
Seit Beginn des Kriegs in der Ukraine steht Ex-Kanzler Schröder wegen seiner Russlandnähe in der Kritik. Nun hat er sich in der »New York Times« zu Wort gemeldet. Und klar ist: Er bereut nichts.