Publié le : 13/02/2021 – 08:38
Des corps de soldats russes et français, tombés lors de la retraite de la Grande Armée de Napoléon en 1812 ont été découvert en Russie et seront enterrés ensemble, samedi. Un moment d’unité symbolique à l’heure où la Russie est à couteaux tirés avec l’Occident sur de nombreux dossiers.
Les restes de soldats russes et français, tombés lors de la terrible retraite de Russie, seront inhumés, samedi 13 février, près du champ de la bataille de Viazma, un moment d’unité franco-russe l’année du bicentenaire de la mort de Napoléon.
Réparties en huit cercueils, 126 dépouilles découvertes dans une fosse commune entre Smolensk et Moscou doivent être enterrées avec les honneurs, en présence de descendants de grands chefs militaires russe et français de l’époque.
Ces 120 soldats, trois probables vivandières et trois adolescents – probablement des tambours – sont tombés, en marge ou lors de la bataille de Viazma du 3 novembre 1812, deux semaines après le début de la retraite qui culminera peu après dans l’horreur avec la traversée meurtrière de la Bérézina.
« La mort met tout le monde à égalité »
À l’heure où la Russie est à couteaux tirés avec l’Occident sur moult dossiers, la cérémonie attendue samedi marque un moment d’unité symbolique.
Russes ou Français seront enterrés ensemble avec les honneurs au son de salves de canon et sous l’oeil d’une centaine de figurants vêtus d’uniformes d’époque.
« La mort met tout le monde à égalité : ils sont tous dans la même tombe », note Ioulia Khitrovo, 74 ans, arrière-arrière-petite fille du général en chef du tsar, Mikhaïl Koutouzov.
« C’est pour moi une immense émotion d’être présent à cette cérémonie, symbole du respect mutuel des parties », dit à l’AFP le Prince Joachim Murat, arrière-arrière-petit fils du célèbre maréchal de Napoléon, qui sera aux obsèques.
Âgés de 30 à 39 ans
Pierre Malinowski, président de la Fondation pour le Développement des initiatives historiques franco-russes, à l’origine de l’évènement, salue la présence de ces descendants « directs des grands acteurs du conflit » qui commémorent ensemble ces soldats « que leurs ancêtres commandaient ».
Les restes ont été mis au jour en 2019 par une équipe d’archéologues russes et français, au sud-ouest de Viazma, ville de 52 000 habitants. Une dizaine d’années plus tôt, ils avaient été découverts une première fois par une pelleteuse d’un chantier.
Les férus locaux d’histoire ont cru d’abord qu’il s’agissait d’une des nombreuses fosses communes datant de la Seconde Guerre mondiale qui parsèment l’ouest de la Russie.
Finalement, une expertise de l’Académie russe des Sciences a établi qu’il s’agissait de victimes de la campagne de Napoléon, principalement âgées de 30 à 39 ans, explique à l’AFP l’anthropologue Tatiana Chvedtchikova.
La découverte de boutons métalliques d’uniformes a permis d’établir que certains des défunts « appartenaient aux 30e et 55e régiments d’infanterie de ligne et au 24e régiment d’infanterie légère de l’Armée de Napoléon », explique Alexandre Khokhlov, chef de l’équipe d’archéologues sur place.
Retrouvée par hasard, cette sépulture collective est sans doute loin d’être la dernière à découvrir le long de la route de la campagne de Russie, qui a fait plusieurs centaines de milliers de morts.
Avec AFP
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