Publié le : 12/02/2021 – 18:21
Réuni en urgence vendredi, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a adopté une résolution condamnant le putsch en Birmanie et demandant la libération immédiate de la dirigeante déchue Aung San Suu Kyi.
La pression internationale s’accentue sur les militaires birmans. Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a exigé, vendredi 12 février, la libération immédiate de la dirigeante déchue Aung San Suu Kyi, retenue prisonnière depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021.
Une résolution en ce sens a été adoptée sans vote, à l’issue d’une session extraordinaire des 47 États membres du Conseil des droits de l’Homme (CDH) organisée à la demande de l’Union européenne et du Royaume-Uni.
La Chine et la Russie, soutiens traditionnels de l’armée birmane, se sont toutefois distanciées du consensus, après l’adoption de la résolution. Tout comme le Venezuela, la Bolivie et les Philippines.
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Lors des débats, l’ONU a annoncé suivre de près la situation de « plus de 350 responsables politiques, représentants de l’État, militants et membres de la société civile, y compris des journalistes, des moines et des étudiants, qui ont été placés en détention » depuis le 1er février.
« Le monde entier regarde » la répression en Birmanie, a averti la haute-commissaire adjointe de l’ONU aux droits de l’Homme, Nada al-Nashif, jugeant « inacceptable » l’usage de la violence contre les manifestants et déplorant « les mesures draconiennes prises pour empêcher les réunions pacifiques et entraver la liberté d’expression » ainsi que le renforcement de la présence policière et militaire dans les rues.
« Les droits de l’Homme doivent être respectés. La violence doit être évitée », a déclaré l’ambassadeur portugais, Rui Macieira, au nom de l’UE.
Le texte adopté vendredi par le CDH « demande d’urgence la libération immédiate et sans conditions de toutes les personnes détenues arbitrairement, y compris la conseillère d’État Aung San Suu Kyi et le président Win Myint (…), ainsi que la levée de l’état d’urgence ».
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Pas de visite du rapporteur de l’ONU
Contrairement à ce que le projet de résolution prévoyait, le texte adopté ne demande pas au rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’Homme en Birmanie de se rendre sur place en urgence pour évaluer la situation. Il y avait toutefois peu de chance que la Birmanie accepte une telle visite.
« Nous regrettons que notre bureau se soit vu refuser depuis longtemps une présence en Birmanie et nous demandons instamment aux autorités militaires d’accorder au Haut-Commissariat et au rapporteur spécial sur la situation des droits de l’Homme en Birmanie un accès illimité et immédiat », a encore déclaré Nada al-Nashif.
La résolution demande également le « rétablissement du gouvernement élu » en novembre mais ne réclame pas de sanctions.
Nada al-Nashif a pour sa part demandé à la communauté internationale que les sanctions soient « ciblées », afin de ne pas plonger la population dans la misère : « Les dirigeants de ce coup d’État constituent un objectif approprié pour de telles actions. »
Assurer la lutte contre la pandémie
« Il est d’une importance capitale qu’aucun préjudice ne soit infligé aux personnes les plus vulnérables du pays, et que l’aide à la lutte contre la pandémie puisse se poursuivre, tout comme l’aide humanitaire dans les zones de conflit » du pays, a-t-elle insisté.
Le rapporteur spécial de l’ONU sur la Birmanie, l’Américain Thomas Andrews, a également appelé la communauté internationale à imposer des sanctions ciblées mais aussi des embargos sur les armes, et à veiller à ce que l’aide humanitaire soit directement versée à la société civile « au lieu de passer par la junte ». Il a également appelé les entreprises internationales à ne plus faire affaire avec la junte.
Lors des débats, l’ambassadeur birman auprès de l’ONU, Myint Thu, a justifié l’action des forces armées, prises notamment « à la lumière des irrégularités post-électorales ».
« La Birmanie connaît des défis extrêmement complexes et une transition délicate. (…) Nous attendons donc avec impatience qu’il y ait une meilleure compréhension de la situation qui prévaut dans le pays ainsi qu’une coopération constructive de la part de la communauté internationale », a-t-il dit.
La junte conteste la régularité des élections de novembre, remportées massivement par la Ligue nationale pour la démocratie (NLD) d’Aung San Suu Kyi.
Avec AFP
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