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En Espagne, la rébellion catalane à l’épreuve des urnes et du Covid-19

Un employé de la mairie prépare un bureau de vote sur le marché Ninot de Barcelone, le 11 février 2021, pour la prochaine élection régionale qui doit se tenir le 14 février. Un employé de la mairie prépare un bureau de vote sur le marché Ninot de Barcelone, le 11 février 2021, pour la prochaine élection régionale qui doit se tenir le 14 février.

« Nous n’oublierons jamais ceux qui nous ont imposé le silence et nous ont envoyés en prison et en exil », lance Raül Romeva sur la scène installée en plein air, dans le parc du quartier populaire du Clot, à Barcelone. Le public – moins d’une centaine de personnes, séparées chacune de deux mètres et un masque sur le visage –, se lève, ému, pour applaudir debout l’ancien conseiller catalan aux affaires extérieures, condamné à douze ans de prison pour sédition à la suite du référendum interdit sur l’indépendance, organisé en 2017.

Tout comme les huit autres leaders indépendantistes condamnés, il a été remis en liberté conditionnelle le 29 janvier. Le jour, ils participent à la campagne électorale. La nuit, de lundi à jeudi, ils dorment en prison. Et sont « libres » le week-end. Dimanche 14 février, près de 5,6 millions de Catalans sont appelés aux urnes pour renouveler le Parlement régional. Cependant, ces élections, convoquées de manière anticipée après la destitution, en septembre 2020, du président de la région, Quim Torra, condamné par la justice pour désobéissance, génèrent plus de lassitude que de grands espoirs dans la population.

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Sur les balcons, les quelques drapeaux indépendantistes qui pendent encore aux fenêtres sont délavés. Dans les rues, plus personne, ou presque, ne porte le lacet jaune, symbole de soutien aux « prisonniers politiques ». Et dans les meetings, il n’y a pas foule, loin s’en faut, malgré la présence des « héros » de la brève déclaration d’indépendance de 2017. Après trois années marquées par l’impasse et les divisions internes dans lesquelles se sont embourbés les partis séparatistes, la pandémie a fait passer le débat territorial, déjà privé d’horizon concret, au second plan.

Vote par courrier

« La pandémie a brisé le monopole du thème indépendantiste et introduit la question de la gestion du gouvernement régional. Or elle est jugée très mauvaise par les Catalans », explique Oriol Bartomeus, professeur de sciences politiques à l’Université autonome de Barcelone (UAB). En effet, la troisième vague de Covid-19, bien qu’en phase descendante, continue de mettre à rude épreuve les services de santé de la région rebelle. Le taux d’incidence s’élève à près de 400 cas pour 100 000 habitants ces quatorze derniers jours, 45 % des lits en unités de soins intensifs sont occupés par des malades atteints de Covid-19, et une soixantaine de décès sont recensés chaque jour dans la région. Le bilan catalan se monte à 9 800 morts depuis le début de la pandémie, en dépit de restrictions souvent plus dures que dans d’autres régions et qu’à Madrid.

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