Vu de l’étranger, le signal peut apparaître faible, mais à Kaboul, il illustre la rechute irrémédiable de l’Afghanistan dans le chaos. Dans une relative indifférence, cinq agents de sécurité afghans ont été tués, jeudi 11 février, lors d’une attaque ciblée contre un convoi de la mission politique des Nations unies (Unama) dans le pays. Ces policiers membres du service de protection des diplomates étrangers (DPS) escortaient les véhicules blancs de l’ONU, reconnaissables dans le monde entier, aux grandes lettres noires du sigle de l’organisation internationale peintes sur leurs portières. Aucun membre du personnel de l’ONU n’a été blessé, mais vendredi, une vive inquiétude était palpable au sein de l’institution. « Ce qui nous inquiète, c’est que cette attaque n’est pas liée au hasard, c’est un avertissement », a analysé, pour le Monde, un cadre de l’Unama joint à Kaboul.
Par souci de neutralité, l’ONU ne se déplace jamais avec des forces militaires, qu’elles soient afghanes ou membres de l’OTAN. Ce sont des policiers qui, à Kaboul ou en province, accompagnent les personnels des Nations Unies en poste dans le pays. Le convoi de plusieurs véhicules se dirigeait vers l’est de Kaboul en direction de la ville de Jalalabad, et se trouvait dans le district de Surobi, à hauteur du village de Tang-e Habreshim, une zone aux prises de groupes insurgés, quand les tirs ont atteint les gardes de sécurité afghans. Leur véhicule a quitté la route avant de tomber dans une rivière.
Mise en commun des moyens entre l’EI et les talibans
L’organisation Etat islamique (EI) a revendiqué l’opération. Mais les autorités afghanes considèrent désormais que les attaques et assassinats ciblés menés à Kaboul sont l’œuvre de groupes mêlant des membres de l’EI et du réseau Haqqani, l’un des bras armé du mouvement taliban qui, pour sa part, a démenti toute responsabilité. A l’appui des accusations des services de renseignement afghan (NDS), plusieurs cellules conjointes ont été démantelées en 2020 dans la capitale, et les perquisitions et les arrestations auraient démontré la mise en commun des moyens humains et logistiques.
« La famille des Nations unies en Afghanistan pleure la mort de ces agents qui ont donné leur vie en nous protégeant comme ils le font chaque jour ; mes prières vont à leur famille », a assuré Ramiz Alakbarov, le numéro deux de l’Unama. Ses équipes ont tenté de rassembler le maximum d’informations sur la gravité des menaces qui pèsent sur les personnels de l’ONU en Afghanistan alors que le processus de paix est au point mort, que le départ des forces américaines est imminent et que la guerre civile menace. « Les renseignements que nous avons reçus depuis, commente-t-on, sous le couvert de l’anonymat, au sein de l’Unama, confirment que l’embuscade semble avoir été minutieusement préparée, ses auteurs disposaient d’informations précises et sont parvenus à s’enfuir sans être identifiés. »
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