Avec l’abonnement numérique comme « priorité n°1 », Nice-Matin inaugure samedi une nouvelle formule sous l’égide de l’homme d’affaires Xavier Niel, co-actionnaire du Monde et repreneur du quotidien régional dont les services vont quitter l’immeuble historique abritant son siège depuis 1979.
« Après une année de transition depuis la prise de contrôle par Xavier Niel, on est dans l’année de la transformation », résume le directeur des rédactions Denis Carreaux, depuis 11 ans à Nice-Matin et maintenu à son poste par NJJ, la holding de M. Niel.
Epilogue d’une saga entamée en 2014 avec la reprise du journal en coopérative par les salariés et conclue par son rachat par M. Niel en 2019-2020, Nice-Matin débarque en kiosque avec une Une plus sobre et un cahier central quotidien de 16 pages thématiques.
Ce cahier remplace les deux suppléments magazines interrompus depuis le premier confinement, Week-end et #Nous. Les pages santé du dimanche sont encore étoffées et le découpage dans le Var ramassé sur quatre éditions, au lieu de cinq.
« Le changement est surtout sur le fond, sur le choix et le mode de traitement des sujets pour être plus percutants, avoir moins de comptes-rendus, plus d’angles, des contenus plus exclusifs. On croit toujours au papier même si on accélère sur le web », ajoute M. Carreaux. Un nouvel outil logiciel permet aux 180 journalistes d’être bi-média et de tous écrire pour le web.
Symboliquement, ce changement s’accompagne d’un départ prévu cet été de la rédaction et des autres services, hormis la technique, vers des bureaux loués près du centre d’affaires de l’Arenas et de l’aéroport.
« Des locaux plus modernes, c’est un élément de la transformation », souligne M. Carreaux au sujet de ce déménagement qui fait grincer des dents.
« Pourquoi pas? Le siège est un peu vétuste, mais c’est le trésor de guerre de Nice-Matin. On s’est déjà battu du temps d’Hersant » pour le conserver, commente un reporter sous couvert de l’anonymat.
Avec ses vitres teintées couleur bronze, l’immeuble de Nice-Matin a été édifié à partir de 1975 sur 30.000 m2 au sol, avec le dernier cri en matière d’impression.
– Nouveau centre d’impression –
Le 2 mai 1979, quand le journal sort le premier numéro entièrement réalisé dans sa nouvelle installation, il se félicite qu’elle soit conçue « pour faire face au développement du journal jusqu’en l’an 2000 ». Nice-Matin se classe alors parmi les premiers tirages régionaux avec des pointes jusqu’à 350.000 exemplaires.
Aujourd’hui, la diffusion papier (Nice-Matin, Var-Matin et Monaco-Matin) est stabilisée autour de 115.000 exemplaires par jour. Elle peut tomber à 90.000 exemplaires en semaine. Les abonnés web (13.000 pur numérique et 18.500 papier et numérique) génèrent un chiffre d’affaires encore marginal.
Pour Rodolphe Peté, secrétaire du SNJ, majoritaire à la rédaction, la nouvelle formule manque de moyens: « C’est très intéressant mais ça demande des effectifs, du contenu et des gens pour le produire. Or, les embauches prévues prennent plus de temps que prévu et on va avoir jusqu’à 30 à 35 départs en clause de cession ».
« Ce n’est donc pas un projet de développement et tout n’est pas prêt. Ils serrent les boulons et sont très rigoureux sur les dépenses mais on ne peut pas raisonner que sur ça », ajoute-t-il, alors que de nombreux interlocuteurs au journal décrivent une chasse sans répit sur les coûts. Des agences locales ont été fermées ou redimensionnées.
Depuis l’été dernier, l’intersyndicale ((Filpac CGT, SNJ, CFDT, CFE-CGC, FO) multiplie les communiqués inquiets reprochant à M. Niel de fonder l’avenir « sur la seule réduction des coûts sans moyens de développement ».
La suppression de 70 postes administratifs en 2021-22 crée un autre point d’abcès: selon l’intersyndicale, il y a « des départs contraints et ciblés, contrairement aux engagements de NJJ ».
Sollicité par l’AFP, NJJ n’a pas souhaité réagir.
Actionnaire minoritaire de La Provence, M. Niel avait été accueilli à bras ouverts par une partie du journal, notamment ceux qui redoutaient la proposition de rachat du magnat franco-libanais Iskandar Safa, propriétaire de l’hebdomadaire droitier Valeurs Actuelles.
M. Niel s’était engagé à ne pas vendre le siège durant cinq ans. D’ici cette date en 2024, Nice-Matin a prévu de bâtir un centre d’impression neuf au Cannet-des-Maures, possiblement partagé avec La Provence.
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