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« Aung San Suu Kyi » : la première fois que « Le Monde » l’a écrit

Aung San Suu Kyin, le 22 septembre 2012, à New York. Aung San Suu Kyin, le 22 septembre 2012, à New York.

D’un coup d’Etat militaire à l’autre. C’est lors du soulèvement de 1988 contre le régime autoritaire du général Ne Win que « The Lady », arrêtée le 1er février dernier, apparaît en août de cette année-là dans Le Monde : « Mme Aung San Suu Kyi, fille du héros de ­l’indépendance Aung San, et U Nu, le dernier premier ministre démocratiquement élu de Birmanie il y a vingt-six ans, ont proposé la création d’un comité de personnalités indépendantes pour servir d’interlocuteur entre les opposants et le pouvoir. »

Les étudiants en font leur porte-étendard, malgré des années passées loin de Rangoun. « Universitaire, âgée de quarante-trois ans et mariée à un Britannique, elle réside en Grande-Bretagne et rendait visite à sa mère quand elle a été prise dans la tourmente des événements, écrit, le 14 septembre 1988, Jean-Claude Pomonti, qui fut longtemps le grand spécialiste de l’Asie du Sud-Est au Monde. Ceux qui la connaissent bien la jugent intelligente et ferme. »

« Les médias officiels mènent une campagne franchement xénophobe, dont la famille de Mme Suu Kyi (…) est ouvertement l’une des cibles. » Le journaliste Jean-Claude Pomonti, en 1991

Sa fermeté n’est rien face à l’inflexibilité de ­l’armée. Malgré la chute du général Ne Win, le mouvement est réprimé dans le sang et elle est arrêtée en 1989. S’ensuivront plus de quinze ans d’assignation à résidence, entrecoupés d’espoir, comme en 1990, lorsque ­l’armée birmane accepte la tenue d’élections.

Le 2 juin, Philippe Decaux décrit, non sans perplexité, le calme dans lequel s’est déroulé le scrutin et son dépouillement : « Ni gendarme ni baïonnette en vue. Pas de blindé pour indiquer, de son canon pointé, la bonne marche à suivre. Partout, dans les bureaux de vote, des files de gens, dès six heures du matin, sérieux ou souriants, carte d’identité à la main et qui, dans un silence quasi religieux, déposent avec fierté leur bulletin dans l’urne. »

La Ligue nationale pour la démocratie d’Aung San Suu Kyi remporte 392 sièges sur 485, mais la nouvelle Assemblée ne siègera jamais. Et le régime fait tout pour discréditer la leader de l’opposition, constate Jean-Claude Pomonti, le 19 septembre 1991 : « Sous le couvert de remettre en valeur les traditions locales, les médias officiels mènent une campagne franchement xénophobe, dont la famille de Mme Suu Kyi, mariée à un Britannique et mère de deux enfants, est ouvertement l’une des cibles. »

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