EnquêteLes trois quarts des groupes tricolores cotés en France sont présents au Grand-Duché, à travers près de 170 filiales, souvent consacrées à une ingénierie financière complexe.
Dassault, Michelin, Sanofi… Le visiteur aura beau arpenter en long et en large le Luxembourg, il n’y verra le logo d’aucun de ces grands fleurons français. Pourtant, comme la plupart des grandes entreprises tricolores, ils sont discrètement présents au Grand-Duché, sous la forme de filiales financières dont la raison d’être n’est pas toujours claire.
A partir de la base de données OpenLux et de la documentation financière des sociétés, Le Monde a calculé que vingt-neuf des trente-sept groupes du CAC 40 ayant leur siège en France étaient aussi présents au Luxembourg, par le biais d’au moins 166 filiales.
Une partie d’entre elles correspondent à des implantations réelles d’activités sur le sol luxembourgeois, avec des locaux et des salariés, comme la boutique Sephora de Luxembourg-Ville (LVMH), la branche locale du Crédit agricole ou le constructeur de routes Freyssinet (Vinci).
Mais les trois quarts de ces filiales servent essentiellement des intérêts financiers. Certaines disposent au Luxembourg d’un petit bureau avec quelques salariés. D’autres se contentent d’une simple boîte aux lettres dans un cabinet de domiciliation. Leur ancrage luxembourgeois se résume parfois à un seul conseil d’administration annuel organisé sur place, avec une poignée d’experts-comptables désignés comme « administrateurs » afin de gérer les comptes et les formalités administratives.
Simples tuyaux d’une ingénierie financière complexe, certaines de ces sociétés ne servent que d’intermédiaires pour détenir d’autres filiales du groupe dans d’autres pays. C’est le cas de Sanofi, qui contrôle l’entreprise américaine de biotechnologie Genzyme par l’intermédiaire du Luxembourg, ou de Danone, qui en fait de même avec les produits végétaux Alpro. Il arrive même que certaines holdings luxembourgeoises de groupes français gèrent des filiales implantées en France. Particulièrement dans le secteur du luxe : Christian Dior Couture (LVMH), Christian Louboutin, Atelier Cologne (L’Oréal), les Manufactures de Mode (Chanel), le groupe Chevalier (famille Hermès)…
Pourquoi un groupe s’embarrasse-t-il à créer des montages interposant des sociétés sans réelle substance au Luxembourg ? Interrogé par Le Monde, l’armateur CMA-CGM explique qu’il apprécie « le droit luxembourgeois » ; le groupe Fimalac juge le Luxembourg plus commode pour « trouver des financements auprès des investisseurs qui préfèrent agir dans ce pays » ; quant à l’association familiale Mulliez (notamment propriétaire de Auchan), elle souligne que « le Luxembourg est un pays à la stabilité politique et économique appréciée des investisseurs internationaux et qui dispose de procédures administratives simples et flexibles ».
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L’article OpenLux : les discrètes filiales luxembourgeoises des fleurons du CAC 40 est apparu en premier sur zimo news.