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« Flash mob », montages sauvages et propagande… deux jours dans la vie politique russe

Sous ses airs de morne plaine, la scène politique russe peut se révéler haute en couleurs. Depuis plusieurs semaines, le débat public russe ressemble même à un théâtre de l’absurde. Il faut dire que la période est propice à la frénésie : le retour de l’opposant Alexeï Navalny, son emprisonnement et les manifestations qui ont suivi obsèdent les esprits. La parole se crispe, à défaut de se libérer, tribunaux et députés sont sous pression.

Les épisodes loufoques où le tragique le dispute au comique se succèdent à un rythme tel qu’il est difficile d’en tenir la chronique, et de démêler l’anecdotique de l’important. Florilège sur deux journées, celles des 10 et 11 février, de ces petites histoires qui en disent long sur l’état de la vie politique russe.

Chronique judiciaire. Le 10 février, le rappeur Slava KPSS (« Gloire au Parti communiste de l’Union soviétique ») est condamné à sept jours de prison, à Saint-Pétersbourg. Il avait été arrêté lors d’un rassemblement de soutien à M. Navalny, le soir du 2 février, après la condamnation de l’opposant à de la prison ferme pour avoir violé son contrôle judiciaire durant sa convalescence allemande. Slava KPSS, lui, a été condamné en vertu de l’article 20.1 du code de procédure administrative qui interdit l’usage d’un « langage obscène » dans l’espace public. Selon le rapport de la police, le rappeur a crié, lors de la manifestation, un slogan contenant le mot « clitoris ». Le lendemain, le 11, la peine est ramenée à un jour, sans que le verdict change.

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Chronique parlementaire. Navalny toujours, débat à la Douma au sujet de la dernière proposition des alliés de l’opposant : ceux-ci appellent les Russes à sortir en bas de chez eux, le soir du 14 février, jour de la Saint-Valentin, et à allumer la lampe de leur téléphone pour prouver que « l’amour est plus fort que la peur ». Les députés discutent des moyens « administratifs ou législatifs » d’empêcher de telles actions. L’idée d’une interdiction est évoquée. Le député Iouri Chvytkine est pour : « Les gens rentrent du travail fatigués, dit-il. Ils ont besoin de se reposer, pas de regarder des lumières. » Le député Piotr Tolstoï est pour également. Il déclare à la tribune : « Cette pratique rappelle celle des collaborateurs qui du temps du blocus de Leningrad illuminaient avec des lampes de poche les cibles pour l’aviation allemande. » Le comité d’enquêtes et le bureau du procureur confirment, peu après, que la participation à cette action tomberait sous le coup de la loi pour « troubles massifs à l’ordre public ».

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