« La part des anges. » C’est le terme employé dans les caves charentaises pour évoquer l’inéluctable évaporation des précieuses eaux-de-vie en cours de vieillissement. Il pourrait, cette fois, illustrer le bilan des exportations françaises d’alcool en 2020. Elles ont, en effet, subi un brusque phénomène d’évaporation. Selon les chiffres publiés, jeudi 11 février, par la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS), près de 2 milliards d’euros sont partis en fumée. Le montant global des ventes de bouteilles hors des frontières a reflué de 13,9 %, à 12,1 milliards d’euros. Mais même moins fringant, ce secteur reste le deuxième contributeur à la balance commerciale française, avec un excédent de 11 milliards d’euros.
Début 2020, alors que la FEVS présentait des chiffres 2019 mirobolants – les flux de cognac, champagne et vin dépassant une nouvelle fois des niveaux historiquement hauts –, elle avait déjà alerté. Les nuages commençaient à s’amonceler. Les taxes Trump frappaient les vins français à leur entrée sur le territoire américain depuis octobre 2019. Et le coronavirus avait fait son apparition en Chine. Des événements qui ont profondément bousculé la filière tout au long de l’année.
« En 2020, nos entreprises ont affronté un environnement particulièrement complexe. D’abord, du fait du conflit commercial avec les Etats-Unis, sans solution à ce jour. Puis est apparue la pandémie de Covid-19, dont les effets se sont propagés progressivement sur tous les continents », explique César Giron, président de la FEVS.
« Une baisse en trois tiers entre l’Asie, l’Europe et les Etats-Unis »
La crise sanitaire a surgi en Chine avant le Nouvel An lunaire, temps fort de la consommation. L’annulation des festivités a fait plonger les ventes des précieux flacons de cognac dans l’empire du Milieu. La mise sur pause des transports aériens a fortement réduit les achats en duty free. Les marchés de Hongkong et de Singapour en ont été affectés. Résultat, les exportations de vin et spiritueux vers la Chine ont baissé de 15,2 %, à 809 millions d’euros. En englobant Hongkong et Singapour, le retrait atteint 19,4 %, à 1,9 milliard d’euros.
La pandémie de Covid-19 a ensuite gagné l’Europe et l’Amérique, avec son lot de confinements, de fermetures de bars, de restaurants et de discothèques, et d’annulations d’événements. De quoi limiter le flot des commandes. « Globalement, la baisse des exportations se répartit assez équitablement en trois tiers, entre l’Asie, l’Europe et les Etats-Unis », estime M. Giron.
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