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Une éditrice chinoise condamnée à trois ans de prison

Femme d’affaires et personnalité connue des milieux culturels chinois, Geng Xiaonan, 46 ans, a été condamnée mardi 9 février par un tribunal de Pékin à trois ans de prison ferme. Son mari, Qin Zhen, a été condamné à deux ans et demi de prison avec sursis. Ils avaient été arrêtés le 9 septembre 2020. Leur crime ? Officiellement avoir mené des « opérations commerciales illégales ». Il est reproché à leur maison d’édition de ne pas avoir obtenu toutes les autorisations nécessaires avant de publier des livres de cuisine.

Pour la plupart des observateurs, ce chef d’inculpation est un leurre. Ce qui est reproché à l’éditrice, également productrice de films, c’est d’avoir pris fait et cause pour son ami Xu Zhangrun. Cet intellectuel prestigieux est, depuis 2018, très critique à l’égard de Xi Jinping, notamment sur son autoritarisme et sur la réforme de la Constitution qui lui permet d’être président à vie. Cela lui a valu, dans un premier temps, d’être privé d’enseignement par son université, Tsinghua.

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Au printemps 2020, Xu Zhangrun a récidivé en critiquant vivement la gestion de l’épidémie par les autorités chinoises. Le 6 juillet, il est arrêté à son domicile pékinois, officiellement pour avoir eu recours à une prostituée lors d’un voyage organisé en novembre 2019 à Chengdu par Geng Xiaonan pour quelques-uns de ses proches.

Victime de torture

Selon l’un de ses amis, Xu Zhangrun a demandé à la police, durant son interpellation, de quelle preuve elle disposait : un enregistrement visuel ? Sonore ? Une transaction financière ? Faute de preuve, la police libère l’intellectuel six jours plus tard. Toutefois, au nom de la « morale », l’université de Tsinghua profite de cette arrestation pour signifier à l’enseignant qu’il ne fait plus partie des effectifs, qu’il perd son accréditation d’enseignant ainsi que ses droits à la retraite. Parallèlement, il est privé de son compte WeChat. Il ne peut donc plus ni communiquer ni effectuer le moindre achat à travers cette application devenue quasi indispensable dans la vie quotidienne des Chinois.

Durant ces six jours d’interpellation, Geng Xiaonan a remué ciel et terre pour obtenir la libération de son ami, donnant en particulier une interview au site Radio Free Asia. Dès l’arrestation de Geng Xiaonan, Xu Zhangrun a en retour pris la défense de celle-ci.

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Selon certaines sources, Geng Xiaonan aurait été victime de torture durant sa détention. Mardi 9 février, durant son procès, elle a plaidé coupable, en tant qu’éditrice. « Toutes les preuves réunies contre moi sont correctes », a-t-elle dit. Selon des proches, Geng Xiaonan voulait ainsi épargner son mari, leur enfant, et la dizaine d’employés de la maison d’édition.

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