Thibaut Pinot n’élude aucun sujet dans une interview à L’Equipe, ce mardi. Le coureur français laisse apparaître un certain spleen et se dit toujours marqué par l’échec lors du Tour de France 2020. Il s’arrête aussi longuement sur les pratiques dans le milieu et l’absence de suivi antidopage. Son dernier contrôle? « Je ne sais pas, il y a très longtemps, explique-t-il. (…) J’étais en train de jouer à la pétanque avec les voisins, vers 20 heures. Avant le Tour je crois, au mois d’août. Depuis, aucun contrôle inopiné. Ça inquiète tout le monde. Après, les contrôles sont ciblés, donc j’espère que certains coureurs le sont un peu plus que moi. »
Le coureur français tire d’ailleurs la sonnette d’alarme après avoir bénéficié d’un traitement pour soigner sa blessure au dos contractée après chute lors de la première étape de la dernière Grande Boucle. Ce qui l’a contraint à avoir recours à une chose qu’il a « toujours refusée »: une infiltration.
« Un mec qui a une AUT n’a rien à faire sur un vélo »
« D’un point de vue éthique, j’ai toujours été contre, reconnaît le leader de la formation Groupama-FDJ. Là, on était dans une période totalement hors compétition, en plein hiver. Jamais je n’aurais fait ça entre deux courses. (…) Bien sûr, ça me saoule. Là je viens de voir que les corticoïdes seraient interdits en course en 2022… Quand tu fais une infiltration ou que tu utilises de la cortisone, il y en a au moins pour trois semaines d’effets… Certains en font juste avant les courses. Tu es hors compétition, mais l’effet est là. Je suis complètement à l’opposé de tout ça, mais on est toujours dans un cyclisme à deux vitesses je pense. (…) Ils ont interdit le tramadol (en 2019), mais ça aurait été bien qu’ils fassent pareil avec les corticos. Un mec qui a une AUT (autorisation à usage thérapeutique) n’a rien à faire sur un vélo. Il n’est pas apte à être en compétition. Je ne comprends pas que les mecs fassent du vélo sous cortisone. »
« Il y a toujours un nouveau truc qui arrive, peste-t-il encore. J’en ai ras le bol, parce que quand je vois l’effet que l’infiltration m’a fait dans le dos, je me dis que des courses, il y en a plusieurs que j’aurais finies. Ma chute dans le Tour l’été dernier, la blessure en 2019, mes bronchites par exemple… » Le vainqueur du Tour de Lombardie défend un cyclisme propre et jure qu’il ne déviera pas de ses convictions jusqu’à la fin de sa carrière. Il s’offusque ainsi de l’utilisation des cétones, produits très en vogue dans le peloton considérés comme dangereux pas certains mais qui ne figurent pas sur la liste des substances interdites par l’agence mondiale antidopage (AMA).
« Pourquoi les coureurs gardent leur fioles de cétones? »
« Pourquoi les coureurs continuent de jeter leurs bidons dans la nature et par contre, les petites fioles de cétones, ils les gardent dans les poches?, interroge Pinot. Je ne comprends pas. On nous dit que ça fait maigrir, mais le plus dur dans le vélo, ce n’est pas de faire six ou sept heures, c’est justement le poids, de maigrir en gardant sa puissance et sa force. Certaines études disent que ça t’assèche, mais si c’est ça, c’est déjà énorme. »
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