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OpenLux : la fin des paradis immatériels pour les footballeurs, les pop stars et les chefs étoilés

Par Maxime Vaudano

Publié aujourd’hui à 06h00, mis à jour à 08h09

Il était une fois un chef étoilé français, une star colombienne de la pop et un footballeur international croate. Tous trois vivaient grâce à leur talent et leur célébrité. Leur nom était devenu une marque, qui générait tant de profits qu’ils avaient eu la même idée : ouvrir une société au Luxembourg pour payer moins d’impôts.

Des histoires comme les leurs, les documents d’OpenLux en regorgent. Car, dans les années 2010, le Luxembourg a été une véritable terre promise pour la propriété intellectuelle. Marques, brevets, droits à l’image, droits d’adaptation au cinéma, copyrights musicaux : en quelques années, des actifs immatériels du monde entier ont été transférés massivement dans des sociétés luxembourgeoises. Non pas pour être réellement gérés sur place, car ces sociétés étaient pour la plupart des coquilles vides. Mais parce qu’à l’instar d’autres paradis fiscaux, le Luxembourg a créé en 2008 un régime fiscal spécial et ultra-avantageux pour les revenus relevant de la « création intellectuelle » : ils sont imposés à moins de 6 %, soit deux fois moins qu’en France.

Comme Malte, Chypre, l’Irlande, ou même la Belgique, le Luxembourg a ce régime pour attirer sur son sol les entreprises qui investissent dans la recherche et innovent, et une population hautement qualifiée. Mais cette Intellectual Property Box (« boîte à brevets ») a été rapidement détournée de son usage : des milliers d’entreprises s’en sont servies pour optimiser leurs impôts, en délocalisant les profits issus de la propriété intellectuelle sans déplacer l’activité et les effectifs correspondants. Poussés par leurs conseillers fiscaux, des particuliers riches et célèbres se sont eux aussi engouffrés dans cette généreuse brèche fiscale pourtant conçue pour les entreprises.

Les détours de Yannick Alléno

C’est le cas de Yannick Alléno. En 2010, le célèbre cuisinier français officie encore au palace parisien Le Meurice. Il réinvente la cuisine du terroir, sublimant le maquereau au vin blanc et l’œuf mayo. Auréolé de trois étoiles au Michelin, il a aussi commencé à prêter son nom et son carnet de recettes à des restaurants aux quatre coins du monde, de Courchevel à Marrakech, en passant par Dubaï. En contrepartie, ces adresses prestigieuses lui versent des redevances. Mais au lieu d’arriver dans sa société française, Yuzu, l’argent fait un détour par Citrus Junos, sa jumelle luxembourgeoise, qui désigne en latin le même agrume japonais. Cette société détenant toutes les marques de l’univers Alléno, elle peut bénéficier d’un joli rabais fiscal.

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