Longtemps qualifié de « cimetière des empires », l’Afghanistan reste fidèle à sa réputation. Après avoir cru trouver le moyen de mettre fin à vingt ans de guerre sur le sol afghan, grâce à un accord de paix exclusif signé, le 29 février 2020, avec les talibans, les Etats-Unis sont de nouveau au pied du mur. Partagée entre le risque de laisser le pays en plein chaos et celui de repartir dans une guerre dont elle ne veut pas, la nouvelle administration du président Joe Biden n’a que quelques semaines pour dénicher, comme à la fin de la guerre du Vietnam, « une sortie décente ». Les chances de réussite paraissent néanmoins si faibles que des chancelleries occidentales ont déjà, selon nos informations, préparé la fermeture de leurs ambassades à Kaboul.
L’administration de Donald Trump pensait avoir décroché le Graal en signant, en grande pompe à Doha (Qatar), un accord avec les talibans prévoyant l’arrêt des combats entre les soldats américains et le principal mouvement insurgé afghan contre l’engagement de Washington de quitter le pays, au plus tard, le 1er mai 2021. En contrepartie, les talibans promettaient, d’une part, d’interdire leur territoire à tout groupe terroriste et, d’autre part, de lancer un processus de réconciliation nationale avec le régime de Kaboul. Enfin, ils acceptaient de « réduire la violence ».
Or, début février, le Pentagone lui-même estimait qu’Al-Qaida s’est réimplanté, en 2020, en Afghanistan, en s’appuyant, notamment, sur les réseaux talibans. De plus, la violence contre les forces de sécurité afghanes a retrouvé les niveaux du plus fort de la guerre et les assassinats ciblés font rage dans le pays. Par ailleurs, le processus de paix interafghan, également lancé à Doha, en septembre 2020, est au point mort. Les talibans refusent de revenir à la table des discussions depuis l’arrivée au pouvoir, en janvier, de Joe Biden, dont l’administration a indiqué sa volonté de « relire » l’accord de Doha de février 2020.
Le temps pris par la nouvelle équipe au pouvoir pour évaluer le respect des engagements talibans envers l’accord rend quasiment impossible un retrait complet des troupes américaines d’Afghanistan au 1er mai comme convenu. Il faut, en effet, quatre-vingt-dix jours, en termes de logistique, pour fermer les bases et sortir les 2 500 soldats restants. Et même si un départ précipité était tout de même décidé, les troupes étrangères pourraient certes quitter le pays sans être attaquées, comme le stipule l’accord de Doha, mais elles laisseraient alors le pays, selon un diplomate occidental joint par Le Monde, « dans une situation critique, ouvrant les portes de Kaboul [aux talibans] d’ici l’été, car le régime est incapable, seul, d’assurer la sécurité de son territoire contrairement à ses dires ».
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