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Dans l’Himalaya, une crue éclair meurtrière

Dans le district de Chamoli (Etat d’Uttarakhand), en Inde, le 9 février. Dans le district de Chamoli (Etat d’Uttarakhand), en Inde, le 9 février.

La vague de 15,50 mètres de haut qui a déferlé dimanche 7 février dans une étroite vallée de l’Uttarakhand, dans le nord de l’Inde, suscite énormément de réactions au sein de la communauté scientifique. Il était environ 10 h 45 lorsqu’un tsunami digne des films catastrophe les plus spectaculaires s’est abattu dans les gorges de la rivière Rishi Ganga, à hauteur du village de Raini, dans le district de Chamoli.

Localisé sur le flanc sud de Nanda Devi (« la déesse joyeuse » en hindi), plus haut massif montagneux de l’Himalaya entièrement situé en territoire indien (7 816 mètres d’altitude), le phénomène naturel a pris naissance au niveau d’un glacier, dont une partie s’est écroulée dans le cours d’eau. Un mélange dantesque d’eau, de boue, de glace et de roches a alors dévalé en direction du lieudit Topoban, pour se jeter dans la rivière Dhauli Ganga, puis dans l’Alaknanda, l’un des deux principaux affluents du Gange qui traverse plus bas la ville de Rishikesh, célèbre pour ses ashrams et ses centres de yoga.

Selon un habitant de Raini, cette crue éclair « était de couleur noire, produisait un bruit semblable à celui d’un volcan, et était accompagnée d’un gigantesque nuage de poussière ». La vague a complètement balayé un barrage en construction, dont les débris en béton, emportés par les flots, ont à leur tour détruit cinq ponts et de nombreuses maisons, avant de sérieusement endommager une centrale hydroélectrique située en aval, à hauteur du village de Tapovan.

« Changement de pression hydrostatique »

Les autorités ont tout juste eu le temps de purger deux autres barrages en contrebas, ce qui a permis de stopper la coulée dévastatrice. Rapidement dépêchés sur place à l’aide d’hélicoptères et de Super Hercules de l’armée, avec à leur bord 15 tonnes de matériel, deux cent cinquante hommes de la police des frontières indo-tibétaine (ITPB), secondés par plusieurs centaines de paramilitaires des Forces de réaction aux catastrophes naturelles nationale et régionale (NDRF et SDRF), ont commencé à repêcher des corps sans vie.

Selon le dernier bilan provisoire, les sauveteurs ont réussi à sauver quinze personnes et à retrouver vingt-six cadavres. Au total, il y aurait encore 171 disparus, pour l’essentiel des ouvriers qui se trouvaient sur le premier barrage en travaux et sur celui de Tapovan. Certains d’entre eux se sont retrouvés prisonniers de tunnels contigus à ce dernier barrage.

Dans un premier temps, un scénario assez simple a été évoqué. En raison du réchauffement climatique, dont on sait que l’Himalaya sera à terme l’une des grandes victimes, le glacier se serait brisé de lui-même, ce qui aurait provoqué une réaction en chaîne, chute dans la rivière, débordement, tsunami. « Insensé, surtout en hiver », ont aussitôt déclaré les spécialistes.

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