La riposte était aussi attendue qu’inévitable. Après l’annonce de l’expulsion, vendredi 5 février, de trois diplomates européens en poste en Russie, les pays concernés ont adopté une mesure similaire, lundi 8 février : trois diplomates russes devront quitter l’Allemagne, la Pologne et la Suède. Une « réponse claire », a tweeté Ann Linde, la ministre suédoise des affaires étrangères, tandis qu’à Berlin on évoquait une riposte nécessaire après à la décision « totalement injustifiée » de Moscou, qui avait prétexté la participation des diplomates à une manifestation interdite de soutien à l’opposant Alexeï Navalny pour expliquer leur congédiement.
C’est bien le sort de ce dernier qui est au cœur de la tension entre Moscou et les capitales européennes. Mais, aussi, celui réservé, vendredi, au haut représentant de l’UE pour la diplomatie, Josep Borrell, qui rencontrait le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Après s’être vu refuser une rencontre avec M. Navalny, dont il réclamait la libération, l’ancien ministre espagnol a dû entendre son interlocuteur décrire l’Europe comme « un partenaire non fiable », imposant des sanctions « de type colonial ». Peu préparé à une telle scène, le représentant européen apprenait ensuite l’expulsion des trois diplomates, M. Lavrov lui affirmant que seule une fuite malencontreuse avait permis la diffusion prématurée de cette information.
Le traquenard de Moscou
Revenu à Bruxelles, M. Borrell a évoqué sa « visite très compliquée » et le refus des autorités russes de « saisir l’opportunité d’un dialogue constructif ». « Nous devrons en tirer les conséquences », ajoutait l’ancien ministre espagnol. Lundi, son porte-parole affirmait qu’il n’avait, en tout cas, aucun regret, l’objectif d’un diplomate étant d’« entrer en contact, même quand le partenaire est difficile ». Selon Peter Stano, le haut représentant aurait bel et bien fait passer « un message ferme » des Européens quant au sort de M. Navalny, et posé les termes d’une possible coopération entre la Russie et l’Union. Quitte à conclure que, visiblement, le Kremlin opte pour « la confrontation ».
Les images de la conférence de presse aux allures de traquenard qui a eu lieu à Moscou ont toutefois eu un très fort impact. Au Parlement européen, où M. Borrell devait se rendre mardi 9 février, quelque 70 députés ont signé une pétition réclamant sa démission. Elle a été lancée par Riho Terras, un ancien militaire estonien, eurodéputé du Parti populaire européen (PPE). Un texte adressé à la Commission européenne et à portée essentiellement symbolique : seule une décision du Conseil – les 27 Etats membres – pourrait entraîner le départ du haut représentant. Certains pensent, dès lors, que cette initiative d’une partie de la droite conservatrice vise aussi à détourner un peu l’attention, alors que la pression sur la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen (étiquetée PPE, alors que le haut représentant est socialiste), reste forte en raison de sa gestion contestée de la stratégie vaccinale.
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