A regarder Ursula von der Leyen, ce 1er février, à l’occasion d’une rencontre avec quelques journalistes, il était difficile d’imaginer que la présidente de la Commission européenne traverse l’une des pires crises de son mandat. De Rome à Budapest, de Madrid à Prague, en passant par Paris ou Copenhague, l’exécutif communautaire – qui a négocié les contrats d’achats de vaccins contre le Covid-19 au nom des Vingt-Sept – fait l’objet des plus vives critiques. A Berlin, les attaques sont particulièrement virulentes contre la manière dont l’ancienne ministre d’Angela Merkel a géré le dossier. « C’est une honte », a d’ailleurs lancé le vice-chancelier, Olaf Scholz, ce même jour, lors d’une réunion de cabinet.
Ursula von der Leyen n’en démord pas, « la stratégie de vaccination européenne est la bonne », martèle-t-elle, sans se départir de son calme, ni de son sourire. Qu’importe qu’on accuse Bruxelles d’avoir été trop lente à acheter des vaccins et d’en avoir commandé trop peu, alors que la pandémie continue de faire des ravages. Qu’importe que, face aux retards des industriels et à la pénurie de doses, la plupart des Vingt-Sept aient été obligés de ralentir leur campagne de vaccination, quand le macabre décompte des morts se poursuit.
La présidente de la Commission rappelle que les Européens ont, ensemble, réservé 2,3 milliards de doses auprès de six laboratoires (Moderna, Pfizer-BioNTech, AstraZeneca, Johnson & Johnson, CureVac et Sanofi), largement de quoi immuniser les 450 millions de citoyens européens et aider les pays pauvres. Elle se félicite également d’avoir obtenu des industriels de meilleures conditions que les Etats-Unis ou le Royaume-Uni : les prix sont moins élevés et les laboratoires ne sont pas exonérés de toute responsabilité juridique en cas de problèmes. Et confirme son objectif que 70 % de la population adulte européenne soit vaccinée avant la fin de l’été.
« Ce débat me stimule »
Pourtant, les statistiques racontent une autre histoire. Selon le site OurWorldinData.org, qui compile les données, à ce jour, près de 10 Américains sur 100 ont reçu au moins une dose de vaccin, au Royaume-Uni, ce ratio s’approche de 15, et en Israël, le champion du monde, de 59. Au sein de l’Union européenne (UE), il ne dépasse pas 3, et en France, moins de 2,4 personnes sur 100 se sont vu administrer une première injection.
Durant cet entretien d’une heure et demie, l’ex-ministre allemande s’est exprimée, comme toujours dans ce genre d’exercice, dans un anglais quasi parfait et sans un mot plus haut que l’autre. A aucun moment, elle n’a semblé déstabilisée. Sauf quand on lui a demandé – à trois reprises – comment elle expliquait la violence des attaques dont elle fait l’objet à Berlin, y compris dans son camp. « J’y ai fait de la politique pendant vingt ans », a-t-elle fini par répondre, avant, soudainement, de passer à l’allemand et d’emprunter un ton bien plus sarcastique qu’à son habitude, comme si elle s’adressait directement à ses détracteurs : « Ce débat me stimule, il me porte. »
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