Le dialogue de sourds se poursuit au Népal. Près de sept semaines après avoir annoncé la dissolution de la chambre des députés et la tenue d’élections législatives anticipées les 30 avril et 10 mai prochains, le premier ministre marxiste, KP Sharma Oli, a rassemblé ses partisans, vendredi 5 février, dans le centre de Katmandou, la capitale, au lendemain d’une manifestation de soutien à son adversaire maoïste, Pushpa Kamal Dahal, alias Prachanda (« le féroce »).
Plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont retrouvées sur Darbar Marg, la grande avenue conduisant à l’ancien palais royal de Narayanhiti, transformé en musée après la chute de la monarchie en 2008. Bravant un vent froid et un ciel menaçant, ils ont chanté leur « amour » pour M. Oli. « Il est notre héros et va rester premier ministre pour encore dix ans », a scandé la foule pavoisée des symboles du Parti communiste népalais (NCP), le marteau et la faucille au centre d’un soleil rayonnant. Depuis la tribune, le chef du gouvernement a désigné Prachanda, sans le citer nommément, comme le fauteur de troubles.
« Nous pensions que nous connaîtrions la stabilité après notre victoire aux élections de 2017, mais une instabilité s’est installée au sein du parti. Nous ne laisserons pas réussir les tentatives de sabotage de la marche du Népal vers la prospérité », a-t-il déclaré en référence au dernier scrutin législatif, au cours duquel marxistes et maoïstes avaient fait alliance et remporté près des deux tiers des sièges de députés, après quoi les deux courants avaient fusionné pour donner naissance au NCP, en mai 2018.
Trois ans aux commandes du Népal
M. Oli s’est en revanche bien gardé d’évoquer le pacte tacite passé à l’époque avec Prachanda, désigné président du parti, pacte selon lequel les deux hommes devaient échanger leurs rôles en milieu de législature. L’échéance tombait en juin 2020 mais prenant alibi de l’épidémie de coronavirus et de tensions frontalières avec l’Inde provoquées par ses soins, M. Oli a refusé de laisser sa place. Le 15 février, il fêtera ses trois ans aux commandes du Népal, un record de longévité jamais égalé depuis Girija Prasad Koirala, premier ministre au début des années 1990.
Vendredi, M.Oli a démenti la rumeur lui prêtant l’intention de restaurer la royauté. « Pourquoi quelqu’un qui s’est battu si longtemps contre la monarchie ferait-il cela ? Nous ne laisserons personne altérer notre république démocratique fédérale », a-t-il dit. Une façon d’assurer qu’il agit dans le respect de la nouvelle Constitution entrée en vigueur en septembre 2015, qui a instauré le fédéralisme et restreint le pouvoir de dissolution du premier ministre, ce dont se réclament précisément ses adversaires pour réclamer son départ.
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