Le revers sur son vaccin anti-Covid n’a pas entamé les résultats de Sanofi. Fort d’une envolée de son bénéfice net l’an dernier, certes liée à une opération ponctuelle, le géant pharmaceutique français va gâter ses actionnaires, au risque de relancer la polémique.
La réaction des syndicats a été immédiate: le refus d’une augmentation générale des salaires « n’est pas acceptable », a estimé la CFDT tandis que la CGT a dénoncé une « politique de profitabilité purement financière ».
Dopé principalement par la vente d’une grande partie de ses actions Regeneron – la biotech américaine qui a développé le traitement anti-Covid utilisé par Donald Trump -, Sanofi a gagné 12,3 milliards d’euros de bénéfice net en 2020, en progression de près de 340%.
Dans la foulée, il a annoncé vendredi qu’il proposerait un dividende de 3,20 euros par action – contre 3,15 euros pour l’exercice précédent -, ce qui représentera plus de 4 milliards d’euros pour ses actionnaires.
« On augmente le dividende pour montrer à ceux qui investissent chez nous qu’investir sur le long terme, ça a du sens », a indiqué Olivier Bogillot, président France de Sanofi sur Franceinfo, qui estime qu’ »un groupe comme Sanofi soit en bonne santé est une bonne nouvelle pour l’économie française ».
Le groupe pharmaceutique publie ces résultats après plusieurs journées d’action syndicale contre sa stratégie: l’an dernier, il avait annoncé 1.700 suppressions de postes, dont environ un millier en France. Selon les syndicats, près de 400 de ces suppressions auront lieu dans la recherche.
La pilule passe d’autant plus mal que Sanofi, l’un des leaders mondiaux dans le monde des vaccins, a enregistré un retard de plusieurs mois dans le développement de son principal candidat face au Covid-19. Celui-ci est désormais attendu fin 2021, soit quasiment un an après les premiers vaccins autorisés en Europe, ceux de Pfizer/BioNtech et Moderna.
– 2021 s’annonce rentable –
A l’instar d’autres laboratoires internationaux avant lui, Sanofi a décidé fin 2019, sous l’impulsion de son nouveau directeur général Paul Hudson, de se désengager de certains secteurs, comme le diabète, au profit de domaines plus porteurs et rémunérateurs, tels l’immunothérapie. Mais le groupe n’a eu de cesse d’affirmer que les vaccins n’étaient pas concernés par les coupes dans la recherche.
D’ailleurs, la division vaccins (grippe…) a été particulièrement dynamique l’an dernier, avec quasiment 6 milliards d’euros de ventes, en progression de près de 9%. Au regard de ces résultats positifs, il est donc logique de verser un dividende aux actionnaires, fait valoir la société.
« Sanofi évoluant dans un environnement international très concurrentiel, suspendre le dividende ou le réduire en raison de la pandémie actuelle viendrait à fragiliser l’entreprise, réduire son attractivité et altérer ainsi sa capacité à innover sur le long terme pour les patients », a-t-il ainsi défendu dans un courriel à l’AFP.
Les dividendes profiteront également aux salariés français, selon une note de la direction diffusée en interne vendredi, qui rappelle que 90% d’entre eux sont actionnaires. En outre, la rémunération variable collective qui leur est versée devrait être supérieure à 2019.
« L’année dernière au coeur de la crise, Sanofi a donné une prime à 15.000 salariés sur 25.000 d’environ 1.500 euros », a mis en avant Olivier Bogillot.
Mais pour Jean-Marc Burlet, coordinateur CFE-CGC, « le premier élément de rémunération, c’est le salaire de base », un « élément fixe ». « Dans une boîte qui se porte très bien financièrement, ce serait normal d’avoir un retour pour les salariés », après « dix ans d’efforts, de super résultats, de pression sur les conditions de travail, de restructurations en permanence », selon lui.
L’an passé, la société a enregistré un chiffre d’affaires de 36 milliards d’euros, en hausse de quelque 3%, soutenu par les vaccins mais aussi la croissance de son produit vedette Dupixent, utilisé notamment dans le traitement de l’asthme ou de la dermatite atopique, et qui pourrait rapporter à terme plus de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires, contre 3,5 milliards aujourd’hui.
Sanofi anticipe pour 2021 un bénéfice net par action des activités (BNPA), l’un de ses indicateurs financiers privilégiés, en nette progression, sans donner toutefois d’objectif de chiffre d’affaires.
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