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La diplomatie de l’Union européenne dans le piège russe

Le haut représentant de l’Union européenne pour les affaires extérieures, Josep Borrell, lors de la conférence de presse donnée à Moscou le 5 février. Le haut représentant de l’Union européenne pour les affaires extérieures, Josep Borrell, lors de la conférence de presse donnée à Moscou le 5 février.

Les maigres espoirs suscités par la visite à Moscou du haut représentant de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères, du 4 au 6 février, ont été douchés de la plus singulière et brutale des manières, vendredi. La partie russe a choisi précisément ce jour-là pour annoncer l’expulsion de trois diplomates européens, donnant à la manœuvre des airs de guet-apens. Elle a même laissé Josep Borrell tenir une conférence de presse au côté du ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, sans l’informer de cette décision, annoncée peu après par communiqué.

L’expulsion de ces trois diplomates – un Allemand, un Polonais et un Suédois – a été décidée en raison de leur « participation » à des manifestations illégales, a indiqué la diplomatie russe, qui juge ces faits « inacceptables et incompatibles avec leur statut diplomatique ». Les trois auraient été présents le 23 janvier à Moscou ou Saint-Pétersbourg, où deux d’entre eux sont basés, dans des rassemblements de soutien à l’opposant emprisonné Alexeï Navalny. Rien n’a été dit sur la manière dont ils ont été identifiés.

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« Une expulsion injustifiée »

Les trois capitales concernées par ces expulsions, soutenues par d’autres pays européens, les ont immédiatement dénoncées. La chancelière allemande, Angela Merkel, qui tenait une conférence de presse commune avec Emmanuel Macron, a fustigé « une expulsion injustifiée », montrant, selon elle, « une facette supplémentaire de ce qui se passe actuellement en Russie et qui a peu à voir avec un Etat de droit ». Le président français s’est lui-même dit « totalement en ligne » avec cette position.

Berlin et Stockholm ont rappelé que la convention de Vienne sur les relations diplomatiques autorisait les diplomates à « obtenir des informations par des moyens légaux sur l’évolution de la situation sur le terrain ».

A Bruxelles, des sources diplomatiques estiment que cet épisode, qui fait suite à l’emprisonnement de M. Navalny et à la répression de la contestation, pose la question de nouvelles sanctions. L’hypothèse n’a pas encore été officiellement mise sur la table, mais de telles mesures s’ajouteraient à celles déjà prises contre de hauts responsables russes dans la foulée de l’empoisonnement de l’opposant. Le Kremlin avait répliqué en sanctionnant des officiels français, allemands et suédois, comme pour mieux rappeler l’insignifiance à ses yeux des institutions européennes.

Lors d’une rencontre avec des journalistes, M. Borrell a qualifié cette expulsion de « dérangeante » et a demandé qu’elle soit « reconsidérée » par Moscou. Selon son entourage, M. Lavrov lui aurait expliqué que la décision aurait dû être notifiée seulement lundi. Mais les ambassadeurs des trois pays ont bel et bien été convoqués vendredi. Plus tard, M. Borrell a persévéré à défendre la nécessité de poursuivre le dialogue avec Moscou. A Bruxelles, des sources diplomatiques rappelaient que plusieurs Etats étaient opposés à l’idée même de cette visite.

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