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La Brough, moto mythique de Lawrence D’Arabie, renaît près de Toulouse

« Pour moi, Brough c’était la plus belle marque », lance Thierry Henriette le Pdg de Brough Superior, marque anglaise mythique de l’entre deux guerres, qui produit désormais la « Rolls Royce » des motos dans la région toulousaine.

« C’est du vol d’héritage, mais si c’est bien fait, les Anglais pardonnent tout », ajoute Albert Castaigne, le directeur général, expliquant que les nouvelles Brough ont été adoubées par le club Anglais de la marque dont les membres ont fait le déplacement à Toulouse avec leur monture des années 30.

Mais c’est Lawrence d’Arabie qui a parachevé la légende de ces montures. Il en posséda 7 et perdit la vie au guidon de la sixième sans avoir pu prendre possession de la dernière.

L’espion britannique sillonnait la campagne anglaise sur ses Brough et participa même à leur mise au point. Réquisitionnée pour l’effort de guerre, l’usine de Nottingham cessa de faire des motos en 1940.

– Moto de luxe –

Dans l'usine Brough Superior, à Saint-Jean (Haute-Garonne), le 28 janvier 2021 (AFP - Lionel BONAVENTURE)

Dans l’usine Brough Superior, à Saint-Jean (Haute-Garonne), le 28 janvier 2021 (AFP – Lionel BONAVENTURE)

Aux enchères, les exemplaires « historiques » de ces machines peuvent atteindre 500.000 euros.

En 2021, l’usine ultra moderne de Brough Superior, un vaisseau d’aluminium posé à Saint-Jean, près de Toulouse, livrera une centaine de motos.

« On a des clients dans une douzaine de pays d’Europe, en Russie, en Australie, au Mexique et bientôt au Etat-Unis », se réjouit Thierry Henriette qui a acquis la marque en 2018.

« Brough Superior est la seule marque de motos de luxe de série » avec trois modèles « néo-rétro » au catalogue. La dernière née, la SS 100, est la réinterprétation contemporaine de la moto de Lawrence d’Arabie. La gamme a été complétée avec un scrambler (moto tous chemins) « la pendime Sand racer » et l’Anniversary qui célèbre le centenaire de la marque avec une déclinaison à l’esthétique art-déco.

Les prix de ces trois modèles oscillent entre 60.000 et 100.000 euros… « hors demandes spéciales ».

Patrick Blandinet, un chef d’entreprise guadeloupéen est venu tout spécialement en métropole pour visiter l’usine et « (se) faire plaisir » et personnaliser la moto qu’il a commandée. « J’ai demandé un logo doré à la feuille d’or sur le réservoir », dit-il.

Ce sexagénaire est véritablement subjugué par la qualité des matériaux. « c’est un bijou », s’exclame ce fanatique « de motos sportives » qui a fait de la course il y a « quelques d’années ».

Alors que la facture de 60.000 euros vient encore de s’alourdir, Patrick Blandinet, confortablement assis dans l’un des fauteuils Chesterfield du show room, ajoute avec un large sourire, « je me suis fait plaisir et j’ai l’impression d’en avoir pour mon argent! »

Le rachat de Brought Superior, c’est « l’aboutissement de 40 ans de carrière », affirme Thierry Henriette, un passionné qui fut d’abord concessionnaire moto dans la ville rose à la fin des années 70 avant de fonder sa société Boxer Bikes.

– Association avec Aston Martin –

Une SS100 dans l'usine Brough Superior à Saint-Jean (Haute-Garonne), le 28 janvier 2021 (AFP - Lionel BONAVENTURE)

Une SS100 dans l’usine Brough Superior à Saint-Jean (Haute-Garonne), le 28 janvier 2021 (AFP – Lionel BONAVENTURE)

La reprise de Brough prend forme en 2013, quand Thierry Henriette rencontre Mark Upham. Cet Anglais a racheté en 2008 la marque Brough Superior et ambitionne de créer une descendance aux fameuses machines.

En 90 jours, une maquette est réalisée pour être présentée au salon moto de Milan. L’accueil du public est dithyrambique, une trentaine de machines sont commandées.

L’aventure est lancée, d’abord avec une production sous licence jusqu’au rachat de la marque.

Aujourd’hui, l’actualité c’est la sortie de « la Brough du 21e siècle » selon la formule de Thierry Henriette: un modèle « moderne », « la Lawrence », qui abandonne les codes esthétiques du passé.

L’autre nouveauté, c’est la collaboration avec la fameuse marque de voiture de prestige Aston Martin, pour laquelle Brough produit sa première moto: l’AMB 01.

Dix de ces Aston Martin, futuristes, sont en cours d’assemblage.

Le lien de l’usine toulousaine avec ses sous-traitants aéronautiques est constant, les motos sont étincelantes de pièces ciselées dans des matériaux nobles: titane, carbone, inox…

« Sur nos 80 sous-traitants, les deux tiers sont de la région, la plupart travaillent pour l’aéro », souligne Albert Castaigne. Une chaîne d’approvisionnement locale « indispensable », dit-il, pour un petit constructeur qui assemble ses propres moteurs et ses châssis.

« Le luxe à la Française » se conjugue ici avec un souci du détail poussé à l’extrême sur lequel Thierry Henriette est intraitable: « Moi je veux que toutes les pièces de la moto, on puisse les poser sur une table et dire qu’elles sont belles et intéressantes techniquement! »

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