Condamner, protester, réprouver, mais quoi d’autre ? Après l’expulsion, par la Russie, de trois diplomates européens ayant participé à des manifestations de soutien à l’opposant Alexeï Navalny, l’Allemagne se trouve une fois de plus confrontée aux contradictions de sa relation avec Moscou : celles d’un pays aussi prompt à dénoncer les atteintes à l’Etat de droit commises par le régime de Vladimir Poutine que soucieux de conserver des liens étroits avec le Kremlin.
« Une expulsion injustifiée » : vendredi 5 février, c’est en ces termes que la chancelière allemande, Angela Merkel, a réagi à la décision prise par la Russie de bannir trois diplomates européens – un Allemand, un Polonais et un Suédois – qui s’étaient mêlés aux rassemblements organisés, le 23 janvier, pour dénoncer l’arrestation d’Alexeï Navalny à son retour à Moscou, après quatre mois passés en Allemagne à se remettre de la tentative d’empoisonnement dont il avait été la cible, au mois d’août 2020.
« La décision de la Russie d’expulser plusieurs diplomates de l’Union européenne, dont un employé de [notre] ambassade à Moscou, n’est en aucun cas justifiée. Si la Fédération de Russie ne reconsidère pas cette mesure, elle ne restera pas sans réponse », a déclaré le ministre allemand des affaires étrangères, Heiko Maas, dans un communiqué.
A ce stade, les « réponses » envisagées par l’Allemagne semblent cependant assez limitées. « Nous nous réservons le droit de prendre des sanctions contre quelques personnes », a déclaré Mme Merkel, pour qui les expulsions des trois diplomates européens sont « une facette supplémentaire de ce qui se passe actuellement en Russie et qui a peu à voir avec un Etat de droit ».
Relation ambivalente
Pour autant, la chancelière allemande ne souhaite pas rompre les ponts avec Moscou. « Malgré toutes nos différences (…), il est impératif de maintenir le dialogue avec la Russie sur de nombreuses questions géostratégiques », a-t-elle dit, vendredi, en réaffirmant une fois de plus son soutien à Nord Stream 2, ce gazoduc qui doit relier la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique et dont le chantier, achevé à plus de 90 %, a récemment repris après plusieurs mois d’interruption en raison des menaces de sanctions décrétées par les Etats-Unis.
Jusqu’à présent, le gouvernement allemand a toujours pris soin de sanctuariser le projet Nord Stream 2, en refusant de lier son avancée à la politique de Vladimir Poutine, si condamnable qu’elle ait été.
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