C’est un désaveu et non encore une politique. En annonçant la fin de son soutien aux opérations « offensives » de l’Arabie saoudite au Yémen, le 4 février, Washington acte une prise de distance avec son principal allié arabe. La première décision de politique étrangère au Proche-Orient de Joe Biden, présentée comme un retour aux « valeurs » morales de l’Amérique, vise d’abord à dégager l’administration démocrate d’une position partisane, dans cette intervention militaire lancée en 2015, qu’elle qualifie de « catastrophe humanitaire et stratégique ».
En campagne, M. Biden avait promis de revisiter la relation avec Riyad, refroidie par l’assassinat de l’opposant saoudien Jamal Khashoggi, en 2018. Dès l’été 2019, le Congrès avait voté le blocage des livraisons d’armes à Riyad, se heurtant au veto de l’administration Trump. Les démocrates ont d’ores et déjà annoncé qu’ils passeraient en revue les contrats d’armement conclus sous la présidence Trump avec le royaume, ainsi qu’avec son principal allié dans cette guerre, les Emirats arabes unis. Mettant fin au soutien opérationnel apporté aux forces saoudiennes en matière de renseignement, de ciblage et de logistique, ils promettent aussi de mettre en pause des livraisons de munitions à guidage de précision, utilisées massivement au Yémen.
Cette rupture, que nombre d’organisations de défense des droits humains appelaient de leurs vœux, a suscité au Yémen un soulagement, qui reste teinté d’inquiétude. Tout comme la décision de geler la désignation trumpienne des rebelles houthistes, maîtres de la capitale yéménite, Sanaa, comme « organisation terroriste ». Ce label promettait de limiter les échanges du Yémen avec l’étranger, et d’accélérer la descente aux enfers de son économie.
Frappes saoudiennes « défensives »
La pression que Washington entend réellement exercer sur Riyad reste cependant sujette à question. Les démocrates se gardent de remettre en cause les livraisons d’armes destinées à défendre le royaume des tirs de missiles, que les houthistes pro-iraniens projettent contre ses installations pétrolières et ses villes, ainsi que contre le trafic maritime en mer Rouge. Nombre de frappes saoudiennes ayant visé des zones civiles au Yémen sont présentées comme « défensives », car destinées à réduire l’arsenal houthiste. Jeudi, M. Biden n’a par ailleurs rien dit du soutien apporté par Riyad et Abou Dhabi à un magma de groupes armés yéménites en lutte contre les rebelles, liés ou opposés au gouvernement local internationalement reconnu.
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