Il ne faut jamais sous-estimer les discrets et les taiseux. Le président de la République italien, Sergio Mattarella, appartient à cette espèce d’hommes d’Etat qui gouvernent à mots comptés, et parlent bas pour forcer leurs interlocuteurs à faire silence. Ses prises de parole publiques sont rares et calibrées, et les messages qu’il délivre sont beaucoup plus directs qu’il n’y paraît.
Lors de son discours des vœux du 31 décembre 2020, au milieu des traditionnelles paroles d’espoir des appels à l’unité face aux ravages de la pandémie, le chef de l’Etat avait délivré au personnel politique un appel à la « culture de la responsabilité », rendue plus nécessaire que jamais par les circonstances.
Les quelques mots qu’il a prononcés mardi 2 février, constatant l’échec de la mission exploratoire confiée quatre jours plus tôt au président de la Chambre des députés, Roberto Fico (Mouvement 5 étoiles, M5S), se placent dans la droite ligne de cet appel. Pour « donner immédiatement naissance à un gouvernement capable d’affronter les grandes urgences sanitaires, sociales, et économico-financières », le chef de l’Etat a annoncé la désignation imminente d’un responsable chargé de mettre sur pied un exécutif « de haut niveau ».
Quelques minutes plus tard, son porte-parole, Giovanni Grassi, a annoncé la convocation, mercredi en fin de matinée, de l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, chargé de mener à bien cette mission délicate. Dans l’après-midi, les différents groupes parlementaires se réuniront pour annoncer leur position officielle.
L’autre voie qui s’offrait au chef de l’Etat, une fois constaté l’impossibilité de reconduire la majorité actuelle, était la dissolution des Chambres et l’appel à de nouvelles élections générales au printemps. Mais il a préféré, pour l’heure, écarter cette hypothèse, considérant que le pays ne peut pas se payer le luxe d’« un quasi-vide du pouvoir de quatre mois » en pleine pandémie, à l’orée d’une crise sociale gravissime et alors que la mise en place du plan de relance européen impose des décisions rapides.
Jusqu’au-boutisme de Matteo Renzi
Après avoir donné tout le temps pour se rabibocher à l’actuelle majorité, formée du M5S (antisystème), du Parti démocrate (centre gauche) et de diverses petites formations, dont le groupe centriste Italia Viva, dirigé par l’ancien premier ministre Matteo Renzi, à l’origine de la crise, Sergio Mattarella a donc décidé d’accélérer les choses, à la surprise générale, fermant définitivement la porte à un gouvernement « Conte 3 ».
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