Publié le : 03/02/2021 – 19:10
Valneva, start-up franco-autrichienne basée à Nantes, est en train de finaliser les premières phases d’essais cliniques de son vaccin anti-Covid. Cependant, les premières doses de cette entreprise tricolore ne seront pas livrées aux Français, mais aux Britanniques. Les pays de l’UE, eux, devront attendre 2022.
C’est l’histoire d’un succès français raté. Alors que tous les pays européens cherchent à sécuriser des doses de vaccin anti-Covid pour leur population, la start-up franco-autrichienne Valneva, basée à Nantes (Loire Atlantique), prévoit cet automne de livrer outre-Manche le premier vaccin anti-Covid français.
Si Londres a pu devancer Paris dans la commande des vaccins Valneva, c’est que les Britanniques n’ont pas hésité à mettre la main au porte-monnaie pour soutenir la biotech (entreprise dont l’activité s’appuie sur les biotechnologies).
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« Moins de trois mois après avoir annoncé que notre vaccin allait bientôt rentrer en phase de test, le gouvernement britannique nous a signé un premier contrat de précommandes. Au total, si toutes les options sont levées d’ici à 2025, c’est plus de 1,4 milliard d’euros que le Royaume-Uni aura déboursé pour une livraison de 190 millions de doses », a indiqué le directeur général de Valneva, Franck Grimaud, au Parisien.
Selon lui, l’entreprise a sollicité les gouvernements européens dès le mois d’avril, avant de se tourner vers les Britanniques, plus réactifs.
Un financement dès juillet
« Il nous fallait absolument ce financement dès juillet pour commencer les essais cliniques avant la fin de l’année et monter cette usine. C’est ce qu’ils [les Britanniques] nous ont apporté rapidement », a expliqué le dirigeant sur Public Sénat le 26 janvier.
Paris et les Européens auraient donc traîné à répondre aux sollicitations de Valneva. La ministre déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, a, elle, affirmé sur Twitter que le gouvernement avait eu des « discussions nourries avec le laboratoire dès le 6/05/20 ». Selon elle, « Valneva a pris la décision d’avancer au Royaume-Uni, où ils dispos[ent] par ailleurs de leur unité de production ».
Enfin il est faux de dire que Valneva n’a pas eu de réponse de l’Etat français : nous avons eu des discussions nourries avec le laboratoire dès le 6/05/20. Mais #Valneva a pris la décision d’avancer au Royaume-Uni, où ils disposaient par ailleurs de leur unité de production. 4/4
— Agnès Pannier-Runacher (@AgnesRunacher) February 1, 2021
Pour Nadine Levratto, économiste et directrice de recherche au CNRS contactée par France 24, c’est peut-être le montant offert par les Britanniques qui a permis un accord rapide entre la biotech et Londres. « La situation sanitaire au Royaume-Uni a peut-être fait que le gouvernement britannique n’a pas négocié sur les prix », contrairement à l’Union européenne et à la France.
Une biotech spécialiste du vaccin
Née en 2013 dans les laboratoires publics de l’Institut national de la recherche agronomique et environnementale (Inrae), la biotech Valneva est le résultat de la fusion entre la société autrichienne Intercell AG et la start-up française Vivalis.
L’entreprise, qui compte 600 collaborateurs, commercialise déjà des vaccins contre l’encéphalite japonaise et le choléra, et travaille aussi, notamment, à développer un vaccin contre la maladie de Lyme, actuellement en phase 2 des essais cliniques sur l’homme (la phase intermédiaire visant à assurer l’efficacité).
Malgré cette spécialisation, l’entreprise ne joue pas dans la même cour que les géants du secteur, tels que Sanofi ou Pfizer. « La pénurie de vaccins et le fait que les majors se révèlent incapables d’honorer les commandes qui ont été réalisées par l’UE » a mis la start-up sur le devant de la scène, explique Nadine Levratto.
Essais cliniques
C’est dans son usine de Livingstone, en Écosse, que Valneva a développé son vaccin anti-Covid. Contrairement à ceux de Pfizer et Moderna, la start-up a développé son vaccin selon la technique traditionnelle du virus inactivé. Le processus permet de créer une réponse immunitaire chez les patients en leur injectant un virus privé de ses capacités de nuire.
« Compte tenu de l’urgence de la situation, nous menons actuellement de front les phases 1 et 2 sur 150 volontaires », a déclaré Franck Grimaud.
Les résultats de ces premiers essais cliniques sont attendus pour le mois d’avril. « On passera alors en phase finale d’essais, pour un enregistrement du vaccin au second semestre au Royaume-Uni, et on espère ensuite rapidement en Europe », a affirmé le dirigeant.
Valneva affirme être en phase finale de négociations avec l’Union européenne pour la livraison de 60 millions de doses. Londres en a déjà commandé 100 millions à la biotech franco-autrichienne. Les premières doses devraient être disponibles au Royaume-Uni à l’automne 2021. Elles ne devraient pas l’être en France avant 2022.
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