Après une journée d’intenses négociations, les 15 membres du Conseil de sécurité n’avaient pas encore réussi, dans la nuit de mardi 2 au mercredi 3 février, à se mettre d’accord sur une déclaration commune à adresser à la Tatmadaw (les forces armées birmanes). Ils se sont réunis en urgence, par visioconférence, au lendemain du coup d’état perpétré par le chef de l’armée, le général Min Aung Hlaing. Malgré les hésitations de la Chine et de la Russie, la Grande-Bretagne, qui préside le Conseil ce mois-ci, s’est efforcée de convaincre les membres du Conseil à parler d’une seule voix. Pékin, dont l’influence géopolitique et économique est cruciale en Birmanie, a exigé que la session se déroule à huis clos.
Les diplomates ne semblent pas avoir été surpris par le putsch du 1er février, alors que des rumeurs de coup d’Etat circulaient depuis plusieurs jours dans la capitale, Naypyidaw. « On sentait l’armée birmane agitée, c’était dans l’air depuis plusieurs semaines », raconte l’un d’eux. La Birmanie avait d’ailleurs été inscrite à l’agenda du Conseil pour le 4 février.
La priorité immédiate des différents organes de l’ONU est d’établir le contact avec l’état-major de l’armée, et, du côté des anciens dirigeants emprisonnés, avec la dirigeante de la Birmanie, Aung San Suu Kyi, le président de la république, Win Myint, et la quarantaine de membres de la société civile ou de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), arrêtés avec eux. Pour l’heure aucun contact n’a pu être établi : les militaires affirment qu’Aung San Suu Kyi et l’ex-chef de l’Etat, un proche allié de cette dernière, dont le rôle est protocolaire, sont assignés à résidence.
« Anticonstitutionnel et antidémocratique »
Le secrétariat de l’ONU, qui a parlé de « génocide » dès 2017 à propos du « nettoyage ethnique » contre les Rohingyas, cette minorité musulmane victime d’une répression à grande échelle de l’armée, a fermement condamné la prise de pouvoir des militaires. Il a appelé à la libération immédiate et sans condition des dirigeants emprisonnés. Le coup d’Etat « est anticonstitutionnel, antidémocratique et va à l’encontre de la volonté des habitants du Myanmar (le nom officiel de la Birmanie) », a ajouté le porte-parole d’Antonio Guterres lors d’une conférence de presse. Christine Schraner Burgener, l’envoyée spéciale du secrétaire général pour la Birmanie, actuellement en Suisse, est prête à partir pour le Myanmar dès que les militaires donneront leur feu vert. Mais, sans contact établi, aucune autorisation n’a pu être pour l’instant accordée.
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