Allo patron? Lidl a un problème… A Barcelone, la justice a tranché mardi 19 janvier en faveur de Thermomix. Sa maison-mère, le groupe allemand Vorwerk, avait en effet porté plainte en mai 2019 contre le discounter de même nationalité que lui pour violation de brevets avec son robot cuiseur Monsieur Cuisine. « La justice espagnole a reconnu nos droits en protégeant nos brevets », se félicite Pierre-Yves Buisson, directeur général de la France où se trouve l’une des usines Thermomix.
En face, Lidl a beau rétorquer que « la décision en Espagne n’a aucune incidence sur la France », le verdict fait tache pour une enseigne qui vante « l’origine France » de ses produits. Et la facture est salée avec non seulement un retrait de la commercialisation de son robot connecté sur le marché espagnol, mais également l’obligation d’indemniser Vorwerk à hauteur de 10% du chiffre d’affaires mondial de Monsieur Cuisine Connect.
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Une action en justice menée en France
Cette bataille juridique féroce, Vorwerk la mène depuis 2018 contre Lidl qui revendique 180.000 ventes par opération en France, à raison de deux opérations par an. « Partout où Lidl et Vorwerk sont présents simultanément, nous menons des actions pour faire respecter nos brevets », souligne
Cette défense de ses robots, et des 70 familles de brevets protégés par le groupe Vorwerk, est d’abord une question de principe. « Nous avons une centaine de salariés qui travaillent en Allemagne dans la R&D, vante Pierre-Yves Buisson. Pour chaque nouvel appareil, nous investissons des dizaines de millions d’euros ». « C’est forcément un peu décevant de voir que les concurrents s’approprient ces innovations sans en payer le prix », fustige le patron de Vorwerk France.
Le Silvercrest Monsieur Cuisine Connect de Lidl à partir de 399 euros contre le Vorwerk Thermomix TM6 à 1.359 euros
Une « guerre sans fin »
Pour Grégoire Desrousseaux, avocat chez August Debouzy, spécialisé en brevets, cette guerre entre Thermomix et Lidl n’est pas prête de s’arrêter. « Le jeu de l’innovateur, c’est de poursuivre l’autre en essayant de l’interdire le plus possible », explique-t-il. En attaquant, Thermomix connaît la règle du jeu. Lidl va par la suite développer une génération suivante de produits, sur lesquels ils auront fait en sorte de ne pas contrefaire ce brevet. Et Thermomix continuera d’attaquer. « C’est une guerre sans fin, et il n’y a aucune raison pour qu’elle cesse », poursuit l’avocat.
Mais alors que Lidl perd sur de nombreux terrains, d’abord en frais d’avocat, sachant qu’un contentieux de brevet coûte « plusieurs centaines de milliers d’euros », mais aussi en dommages et intérêts, et surtout en termes d’images, Thermomix ne connaît pas la crise. Vendredi 29 janvier, Vorwerk qui a continué de vendre pendant le confinement ses Thermomix via des démonstrations virtuelles a ouvert son cinquième magasin à Plan de Campagne dans le département des Bouches-du-Rhône. Le groupe prévoit deux à trois nouvelles ouvertures de magasins cette année. Sans en dire davantage. Et malgré le contexte sanitaire, le groupe a passé en 2020 le cap historique des 10.000 conseillers-vendeurs. Cette année a même été « la meilleure de tous les temps au niveau mondial ». Pour Vorwerk France, nous avons réalisé une « croissance à deux chiffres », se félicite son patron qui porte plus que jamais l’étendard du Made in France. « Notre philosophie est très claire, nous mettons le meilleur sur le marché, c’est-à-dire des produits fabriqués en France, durables, et réparables », poursuit le patron France du groupe Vorwerk.
Au final, cette bataille juridique pourrait bien entraîner une prise de conscience auprès du consommateur. Pour Delphine Sarfati-Sobreira, directrice générale d’Unifab – Union des Fabricants, ce dernier doit en effet réaliser que « lorsqu’il paye un produit le quart de son prix, il y a toujours quelque chose derrière ».
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