La présidente de la Commission européenne, qui fut la ministre de la chancelière allemande, Angela Merkel, pendant plus de quinze ans avant de quitter Berlin pour s’installer à Bruxelles le 1er décembre 2019, se départit rarement de son calme. Lundi 1er février, lors d’un entretien avec plusieurs quotidiens européens, Ursula von der Leyen a, comme à son habitude, posément défendu son action face aux critiques qui fusent partout en Europe contre la stratégie vaccinale de la Commission. Alors que la pandémie continue à faire des ravages, que les variants se multiplient et que les campagnes de vaccination peinent à trouver leur rythme de croisière, la Commission est accusée d’avoir acheté des vaccins en trop faible quantité et trop tard. L’annonce, il y a dix jours, par AstraZeneca qu’il livrerait moins du tiers de ce que le laboratoire était censé livrer aux Vingt-Sept au premier trimestre, a encore attisé le débat.
Ces derniers jours, la Commission européenne a fait l’objet de nombreuses critiques, alors que la livraison des vaccins qu’elle a commandés tarde. Quelles erreurs avez-vous commises ? Votre crédibilité est-elle entamée ?
Attendons la fin de mon mandat, il sera alors temps de faire le bilan. En politique, il y a toujours des hauts et des bas. Nous commençons tout juste une vaccination de masse, cela n’a jamais été fait en Europe, ni ailleurs dans le monde. C’est totalement inédit.
Nous avons développé des vaccins en dix mois, là où d’habitude il faut entre cinq et dix ans. Lorsque la Commission a commencé à regarder quels vaccins elle allait commander, il y avait 160 candidats. Nous avons fait le bon choix : aujourd’hui, tous ceux qui sont allés jusqu’au bout sont dans le portefeuille des six vaccins que la Commission a constitué. Trois d’entre eux ont déjà reçu leur autorisation de mise sur le marché [Pfizer-BioNTech, Moderna et AstraZeneca]. Et deux autres, au moins, ne devraient pas tarder : on attend les premières livraisons de Johnson & Johnson début avril et celles de CureVac au deuxième trimestre.
Cette crise dure depuis maintenant dix mois, c’est en mars que l’OMS [Organisation mondiale de la santé] a déclaré que l’épidémie était une pandémie. Je comprends la colère et l’émotion. Mais je suis convaincue que la stratégie de vaccination européenne est la bonne.
Certes, mais les retards de livraison se multiplient…
Comme je vous l’ai dit, jamais la production de masse de vaccins ne s’est faite à cette échelle. C’est forcément compliqué. Et je vous rappelle que les choses sont allées plus vite que prévu, ce qui est une bonne nouvelle : on ne pensait pas commencer à vacciner avant le printemps. Depuis le 26 décembre 2020 [date à laquelle Pfizer-BioNTech a commencé ses livraisons], quelque 18 millions de doses ont déjà été livrées. En février, 33 autres millions devraient suivre, et en mars, 55 millions. Nous sommes sur la bonne voie. Et cela devrait s’améliorer très nettement ensuite [au deuxième trimestre, la Commission prévoit la livraison de 300 millions de doses supplémentaires des trois industriels dont les vaccins ont déjà commencé à être administrés. Si d’autres vaccins venaient à être autorisés, il pourrait y en avoir 80 millions de plus].
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