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Un mois seulement après le Brexit, les vaccins ravivent les tensions entre Bruxelles et Londres

Boris Johnson assiste à l’inoculation du vaccin Oxford-AstraZeneca contre le Covid-19 à une infirmière, à l’hôpital Chase Farm, à Londres, le 4 janvier. Boris Johnson assiste à l’inoculation du vaccin Oxford-AstraZeneca contre le Covid-19 à une infirmière, à l’hôpital Chase Farm, à Londres, le 4 janvier.

« Nous allons devenir un voisin amical, le meilleur ami et allié que l’Union européenne [UE] puisse avoir. » Ce 30 décembre 2020, Boris Johnson s’exprime devant la Chambre des communes. Le premier ministre britannique est encore plus bondissant que d’habitude, tout à son enthousiasme d’avoir réussi à boucler un accord « post-Brexit » avec Bruxelles, et porté par l’arrivée imminente d’un vaccin contre le Covid-19 « made in Britain », conçu par l’université d’Oxford, produit par le géant anglo-suédois AstraZeneca.

Un mois plus tard, les messages d’amitié ne sont plus d’actualité entre Bruxelles et Londres : la Commission européenne a engagé un bras de fer contre AstraZeneca – qui a annoncé aux Vingt-Sept des livraisons moindres que prévu au premier trimestre –, et elle a décidé, vendredi 29 janvier, d’un contrôle des exportations de vaccins aux frontières communautaires, dont sont exemptés des dizaines de pays, mais pas le Royaume-Uni.

Elle soupçonne en effet AstraZeneca de livrer outre-Manche des vaccins, produits sur le continent, que le laboratoire aurait dû réserver aux Vingt-Sept. « L’enquête douanière en cours semble l’indiquer », fait savoir une source.

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Pour les Britanniques, cette attitude est perçue comme injustement agressive et ils s’inquiètent qu’elle ne fasse dérailler leur campagne vaccinale pour l’instant réussie (plus de 13 % de la population avait reçu une dose, samedi). La tension est encore montée d’un cran quand il s’est avéré que le mécanisme de contrôle des exportations de la Commission avait pour dommage collatéral de suspendre l’application du « protocole nord-irlandais » – une partie du traité du divorce entre les deux anciens partenaires.

File d’attente pour le vaccin Oxford/AstraZeneca contre le Covid-19, à Newcastle Upon Tyne, au nord-est de l’Angleterre, le 11 janvier. File d’attente pour le vaccin Oxford/AstraZeneca contre le Covid-19, à Newcastle Upon Tyne, au nord-est de l’Angleterre, le 11 janvier.

Bourde de la Commission

Afin de maîtriser les échanges de vaccins entre l’UE et l’île, la Commission a en effet cherché à réintroduire des contrôles entre la province britannique d’Irlande du Nord et la République d’Irlande membre de l’UE… Le retour d’une frontière entre les deux Irlandes ? Précisément ce que Michel Barnier, l’ex-négociateur en chef du Brexit pour l’UE, a cherché à éviter à tout prix pendant les quatre ans qu’a duré la négociation avec Londres, afin de préserver le fragile processus de paix nord-irlandais.

En réalité, c’est une énorme bourde qu’a commise la Commission. Exaspérée par l’annonce d’AstraZeneca, qui, le 22 janvier, a déclaré que les livraisons aux Européens de son vaccin au premier trimestre seraient inférieures de 60 % à ce qui était prévu, puis par les déclarations de son PDG, Pascal Soriot, qui a expliqué que les Britanniques seraient servis avant les Européens parce qu’ils avaient signé un contrat avec le laboratoire anglo-suédois trois mois plus tôt, elle en a perdu ses réflexes politiques les plus élémentaires.

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