Un peu plus de dix ans après une libération qui avait mis un terme à sa quinzaine d’années d’assignation à résidence au temps de la dictature militaire, l’ex-dissidente et désormais dirigeante de Birmanie, Aung San Suu Kyi, a été arrêtée par l’armée dans les premières heures de la matinée du lundi 1er février.
Après des jours de rumeurs, ponctuées de déclarations équivoques de généraux menaçant de reprendre le pouvoir sous le prétexte de « fraudes » électorales ayant entaché le scrutin législatif de novembre 2020, il semblerait donc que la Tatmadaw (forces armées) vienne de signer son quatrième coup d’Etat en soixante-trois ans.
Myo Nyunt, porte-parole de la Ligue nationale de la démocratie (NLD) – le parti de Mme Suu Kyi qui a écrasé tous ses rivaux lors des élections – a révélé que le président de la République Win Myint, proche allié de Mme Suu Kyi, ainsi qu’un certain nombre de hauts cadres du parti sont également détenus dans la capitale Naypyidaw.
Le même porte-parole a précisé à un journaliste de The Irrawaddy qu’il s’agit bien, selon lui, d’« une tentative de coup d’Etat,[même si les militaires] peuvent toujours prétendre que ce n’est pas le cas en forçant le président à appeler la réunion d’un conseil national de sécurité qui donnerait officiellement le pouvoir à l’armée ».
Etat d’urgence déclaré pour un an
Un nouveau développement, en milieu de matinée, est venu étayer cette hypothèse : la télévision de l’armée, Myawaddy TV, a annoncé que l’état d’urgence a été déclaré pour un an et que le vice-président, Myint Swe, un ex-officier supérieur qui fut naguère responsable des services de renseignement militaires, a été nommé président par intérim. Selon certaines sources, il pourrait transférer ses pouvoirs au chef de l’armée, le général Min Aung Hlaing.
L’armée a déclaré dans un communiqué lundi en fin de matinée qu’elle imposait l’état d’urgence en raison du refus de la part du gouvernement et de la Commission électorale de prendre en compte ses protestations à propos des « fraudes » ayant concerné une dizaine de millions de voix lors des élections. La demande de l’armée d’un report de l’ouverture de la session du parlement, qui devait se tenir aujourd’hui, n’avait pas non plus été écoutée, ajoute le communiqué.
Un résident étranger joint au téléphone depuis Rangoun a qualifié l’ambiance de « presque normale » dans cette ville qui est la capitale économique du « Myanmar » – nom moderne de la Birmanie. Toujours selon ce témoin, la présence militaire n’était pas, lundi matin, « très visible » même si des camions de l’armée ont été aperçus en position, notamment aux alentours des ambassades américaine et australienne. Les communications téléphoniques fixes sont suspendues. L’aéroport international est fermé.
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