Malgré la pression croissante des autorités russes, qui ont multiplié les mises en garde et les procédures judiciaires, les partisans d’Alexeï Navalny se préparent, dimanche 31 janvier, à une nouvelle journée de manifestations pour appeler à la libération de l’opposant emprisonné.
Militant anticorruption et ennemi juré du Kremlin, Alexeï Navalny est revenu en Russie le 17 janvier après des mois de convalescence en Allemagne pour un empoisonnement présumé, dont il accuse Vladimir Poutine et les services de sécurité russes d’être responsables. Il a appelé jeudi une nouvelle fois les Russes à descendre dans la rue. « N’ayez pas peur », a-t-il écrit dans une lettre publiée sur son blog. « La majorité est de notre côté. Allons la réveiller. »
Les partisans de M. Navalny doivent notamment se rassembler devant le siège des services de sécurité russes (FSB), place Loubianka, dans le centre de Moscou, où les autorités, qui considèrent ces rassemblements comme illégaux, prévoient de limiter l’accès à plusieurs rues et de fermer sept stations de métro.
La municipalité a également annoncé que des restaurants et des magasins du centre de la capitale allaient rester fermés dimanche et que le parcours des bus serait modifié.
Navalny risque « environ deux ans et demi » de prison
Ces rassemblements font suite à une première journée de manifestations samedi dernier, qui a réuni des dizaines de milliers de Russes dans tout le pays et qui s’est soldée par plus de 4 000 interpellations et l’ouverture d’une vingtaine d’affaires pénales.
Ils se dérouleront avec pour toile de fond la comparution d’Alexeï Navalny devant des juges, prévue la semaine prochaine. L’opposant est visé par une multitude de procédures judiciaires depuis son retour en Russie, qu’il considère comme politiquement motivées.
Selon son avocate, l’opposant risque notamment « environ deux ans et demi » de prison ferme pour la violation des conditions d’une condamnation à trois ans et demi de prison avec sursis, qu’il s’était vu infliger en 2014.
La plupart de ses proches alliés, dont son frère Oleg et la figure montante de l’opposition, Lioubov Sobol, ont été assignés à résidence vendredi par la justice russe, deux jours après une série de perquisitions ayant notamment visé le domicile de sa femme, Ioulia, et les locaux de son organisation, le Fonds de lutte contre la corruption.
Les réseaux sociaux sanctionnés
Les jours précédents, les autorités ont multiplié les mises en garde aux partisans de M. Navalny, le parquet et la police affirmant notamment que les manifestants pourraient être poursuivis pour « émeutes de masse » si les rassemblements se soldaient par la violence.
Le gendarme russe des télécoms Roskomnadzor a annoncé pour sa part qu’il allait sanctionner les réseaux sociaux pour avoir laissé en ligne des messages encourageant, selon lui, les mineurs à aller manifester.
Les protestations sont aussi alimentées par la diffusion d’une enquête de l’opposant accusant le président, Vladimir Poutine, de bénéficier d’un immense et opulent « palais » à plus d’un milliard d’euros sur les rives de la mer Noire, vue plus de 100 millions de fois sur YouTube. M. Poutine a démenti des accusations destinées à « laver le cerveau » des Russes, tandis que la télévision publique russe a diffusé des images montrant la résidence encore en travaux, loin du luxe décrit par l’opposant.
Samedi, le milliardaire Arkadi Rotenberg, un proche de M. Poutine qui était son ancien partenaire de judo et qui se trouve sous sanctions occidentales, a affirmé être le véritable propriétaire de la résidence et assuré qu’il était en train d’y construire un hôtel.
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