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En Pologne, la quasi-interdiction de l’avortement est entrée en vigueur sur fond de manifestations

Manifestation contre le verdict limitant le droit à l’avortement à Varsovie, le 29 janvier. Manifestation contre le verdict limitant le droit à l’avortement à Varsovie, le 29 janvier.

Vendredi 29 janvier au soir, le domicile de Jaroslaw Kaczynski, vice-premier ministre et chef de la majorité national conservatrice du PiS (Droit et Justice), était barricadé tel un palais présidentiel à l’approche d’un coup d’Etat. Un dispositif impressionnant, composé d’une centaine de camions de police et de plusieurs centaines d’hommes, équipés de matériel anti-émeute, bloquait durant de longues heures la rue Mickiewicz, dans le quartier résidentiel de Zoliborz, à Varsovie. L’image n’est pas inédite, et elle est devenue un symbole. Depuis que le Tribunal constitutionnel a rendu, par un arrêt du 22 octobre dernier, l’avortement quasi illégal en Pologne, le pouvoir craint que la situation sociale ne dégénère.

Face aux policiers, les manifestants n’étaient pourtant pas plus de 5 000, ayant traversé la capitale depuis le centre-ville, dans la neige et le froid. Une mobilisation bien loin des 100 000 manifestants du 31 octobre dernier et des rassemblements massifs qui se sont tenus plusieurs fois par semaine tout au long du mois de novembre. L’avant-veille, mercredi 27 janvier, le Tribunal constitutionnel avait remis le feu aux poudres en publiant les détails de son arrêt, entraînant la publication de la décision au Journal officiel.

Manipuler la religion

En vertu de cet arrêt, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) en raison de malformation grave du fœtus, appelée par les mouvements anti-choix « avortement eugénique », est déclarée contraire la constitution. Ce cas constituait la quasi-totalité du millier d’avortements légaux recensés chaque année en Pologne. A présent, l’avortement ne restera légal qu’en cas de menace pour la vie de la mère et si la grossesse est le résultat d’un viol ou d’un inceste. Les associations de lutte pour les droits des femmes dénoncent une « nouvelle guerre » déclarée par le pouvoir et un arrêt écrit par « des prêtres, et non des juristes ».

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L’écrasante majorité des juristes dénonce, de son côté, un arrêt foisonnant d’erreurs sur la procédure comme sur le fond. A commencer par le fait que le Tribunal constitutionnel, la plus haute instance juridique du pays, est une institution à la légitimité largement contestée, depuis que la majorité du PiS à peine élue a pris, courant 2016, le contrôle de l’institution, y nommant des juges qui n’avaient pas lieu d’y siéger. La présidente du Tribunal, Julia Przylebska, est une fidèle parmi les fidèles de Jaroslaw Kaczynski, et l’épouse de l’ambassadeur polonais à Berlin.

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