Anela et Zehida patientent depuis une heure sur un chemin enneigé, quelque part dans la campagne, à l’écart de la route de Bihac. A perte de vue, les collines gelées de Bosnie étincellent sous un soleil d’hiver. Le vent est mordant, par une température de − 10 °C.
Deux migrants traversent un champ, non loin de là, sans prêter attention aux deux femmes et à leurs accompagnateurs. Ce jour-là, elles sont à la tête d’un modeste convoi humanitaire composé d’un fourgon rempli de vêtements chauds et de bouteilles d’eau ainsi que de deux camions transportant du bois de chauffage. Lorsque enfin la permission administrative d’accéder au camp de réfugiés arrive par mail sur le téléphone d’Anela, elles reprennent la route vers Lipa.
Anela Dedic, de Bihac, et Zehida Bihorac-Odobasic, de Velika Kladusa, sont deux des militantes les plus déterminées se consacrant à l’aide aux migrants dans le canton d’Una-Sana, depuis que le nord-ouest de la Bosnie-Herzégovine est devenu il y a trois ans le principal point de passage de la route migratoire qui traverse les Balkans vers l’Union européenne (UE). En dépit de pressions politiques, de campagnes de diffamation sur les réseaux sociaux et parfois de menaces de mort, elles aident coûte que coûte ces hommes et ces femmes fuyant la guerre et la misère vers une Europe dont ils pensent qu’elle sera la garantie d’une vie meilleure.
« La nationalité, la religion et la couleur de peau ne m’intéressent pas, c’est tout », témoigne Anela. Sa modestie l’incite à répéter souvent « c’est tout » à la fin de ses phrases. « Mes parents aidaient les gens dans le besoin et je suis faite du même bois, c’est tout. Dans ce pays, il y a beaucoup de fascistes qui détestent les migrants. Moi, si quelqu’un a besoin d’aide, je l’aide, c’est tout. »
« Sans organisation, avec quelques amis »
Comme Anela, Zehida secourt les migrants qui transitent par la région depuis trois ans. « J’ai été réfugiée en Allemagne pendant la guerre de Bosnie et, à l’époque, des gens m’ont aidée. Aujourd’hui, je suis rentrée chez moi et c’est mon tour d’aider des réfugiés. » Institutrice, elle consacre tout son temps libre à récolter et à distribuer de l’aide humanitaire, « seule, sans organisation, avec quelques amis ».
Son activisme a valu à Zehida de sérieux ennuis. Un parent d’élève a fait circuler une pétition réclamant son renvoi de l’école, la jugeant « indigne » d’éduquer ses enfants. Seulement 10 familles sur 600 ont signé. Puis c’est sur les réseaux sociaux que les menaces se sont faites plus dramatiques, les agressions verbales étant parfois accompagnées de photos de ses enfants et de sa maison. « J’ai aussi été agressée physiquement, une fois, dans la rue… » raconte-t-elle.
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L’article En Bosnie, avec des volontaires aidant les migrants : « Si quelqu’un a besoin d’aide, je l’aide » est apparu en premier sur zimo news.